Objectifs 2013
Pour 2013, l’objectif principal était de faire mon début chez les professionnels! Après une superbe performance à Kona en 2012 (48e) et l’impression d’avoir réalisé les progrès pré-requis en natation, j’étais assez confiant à l’idée d’être capable de ne pas paraître ridicule parmi les professionnels. Et c’est là que sont intervenus mes commanditaires : ils voulaient de la visibilité à Kona!
D’autre part, je m’étais investi énormément pour le développement d’une équipe de triathlon longue distance : l’équipe Merrell. Or je savais très bien que pour certains athlètes de l’équipe au très grand potentiel, la saison 2013 allait forcément être difficile en raison de leurs objectifs professionnels (Ju, Fred) ou familiaux (toutes mes félicitations Mireille!). Bref, le manager de l’équipe (moi), avait pas mal de pression pour assurer une aussi bonne visibilité à l’équipe en 2013 (5 athlètes à Kona + 1 PRO à Vegas en 2012).
Pour devenir triathlète « professionnel », j’entends par là pouvoir gagner de l’argent avec son statut d’athlète, il faut pouvoir travailler à mi-temps, voire moins, pour optimiser la récupération suite à la trentaine d’heures d’entraînement hebdomadaire. Étant donné le peu d’argent qu’il y a sur le circuit PRO, et étant donné le coût d’une saison de triathlon professionnelle et les déplacements que cela implique (10 à 20 000$ pour se qualifier à Kona), il est indispensable d’être en bons termes avec ses sponsors. Et puis il faut reconnaître qu’il y a plus désagréable que de participer à l’Ironman d’Hawaii ; ).
Donc pour conclure, après seulement un mois d’entraînement, voici que mon objectif de l’année venait de prendre le bord! Du coup, je me suis fixé comme objectif de faire le championnat du monde ITU (Go Canada!), puis de devenir champion du monde Ironman dans la catégorie 25-29 ans.
L’année avait à peine commencé et voilà qu’on pouvait d’ores et déjà l’appeler « l’année des changements ».
L’année des changements
Alors que j’étais à Sherbrooke depuis 5 ans , voilà que Valérie, ma conjointe, a été contrainte de déménager à Québec pour finir ses études. On peut dire que cela a mis un sacré bordel dans ma routine : dans la mesure où j’étais l’entraîneur-chef du club de triathlon de Sherbrooke, j’étais contraint de faire des allers-retours toutes les semaines. Je me suis également retrouvé avec 2 appartements à payer en même temps. Autant dire que la situation était loin d’être optimale au niveau professionnel, tout comme pour ma vie de couple, et encore moins pour l’entraînement. Lorsqu’en janvier j’ai pu céder mon bail ne faire plus qu’un aller-retour toute les 2 semaines à Sherbrooke, j’ai pu retrouver un rythme de vie plus équilibré, quoique très chaotique. Difficile d’établir une routine lorsqu’il faut continuellement changer d’environnement.
Finalement à la fin du mois d’avril, le club a réussi à trouver un entraîneur pour me remplacer, et je me suis pour ainsi dire retrouvé « sans emploi » ni couverture sociale dans la mesure où je suis travailleur autonome. Ma situation financière étant critique, j’ai alors envisagé de m’engager dans différents types de carrière professionnelle, voire de reprendre les études, et même d’arrêter la compétition.
C’est alors que le poste d’entraîneur-adjoint du Rouge et or s’est libéré, et, au début juin, j’ai pu commencer à travailler à temps partiel pour ce nouveau club, ce qui s’est transformé à temps plein avec l’encadrement des camps sport du Rouge et Or (jeunes). Bien entendu, il a fallu que je retrouve mes repères dans cet environnement urbain. Et finalement, ce n’est que sur la fin de l’été que j’ai commencé à retrouver une certaine routine à l’entraînement.
Le troisième changement, c’est que, pour la première fois de ma vie, j’ai fait appel au service d’un entraîneur en la personne de Stéphane Palazzetti. Après avoir discuté avec plusieurs entraîneurs tous aussi compétents, je me suis tourné vers Stéphane pour son ouverture d’esprit. Effectivement, notre façon de travailler était très intéressante et enrichissante. Quelques longues et enrichissantes discussions téléphoniques ont permis de s’entendre sur une planification annuelle. Par la suite, je planifiais moi-même mes entraînements, que Stéphane approuvait ou au contraire me conseillait de modifier avant réalisation, puis ensuite commentait après réalisation. Au final, on était la plupart du temps sur la même longueur d’onde. Un beau travail d’équipe, qui m’a obligé à conserver une structure dans mes entraînements malgré les facteurs extérieurs mentionnés ci-haut, et c’est toujours réconfortant dans les moments de doutes de savoir que tu as le feu vert du coach. Dans ce temps là, il reste juste à débrancher le cerveau et à « peser sur le gaz »!
Le quatrième changement, c’est que j’avais un objectif de performance bien précis (gagner!), mais difficilement contrôlable. En gros, je savais que je devais gagner 5 à 8 min sur l’ensemble de mon Ironman par rapport à mon niveau de l’année antérieure. Mais comme tu ne sais jamais sur qui tu vas tomber, cela génère un stress qui n’est pas toujours positif, et qui vient s’additionner aux stress de la vie courante. J’avais le sentiment de n’être jamais assez satisfait du niveau atteint (même si je n’ai jamais été aussi fort à l’entraînement qu’au mois d’août) et il est difficile de lever le pied. J’avais toujours envie d’en faire plus, et lorsque le corps avait besoin de repos, cela générait en moi un sentiment de frustration. Avec le recul, je m’aperçois que j’aurais dû fixer davantage d’objectifs intermédiaires contrôlables.
Par conséquent, pour la première fois, j’ai travaillé de façon très spécifique à l’allure IRONMAN (5e changement). Habituellement, je m’entraîne de façon très polarisée, c’est à dire avec quelques entraînements à très haute intensité et le reste à très base intensité. Cet été, pour donner le meilleur de moi-même à Kona, j’ai ajouté des entraînement très spécifiques à « race pace » (250 à 280w en vélo durant plusieurs heures, et 4’00 à 4’15 en course à pied sur 25 à 32km) et progressivement j’ai allongé la durée de ceux-ci. Même si ces entraînement sont très rassurants et que la surcompensation physiologique était belle et bien présente, avec le recul ce fut une grosse erreur. En effet, ce type d’entraînement est extrêmement fatiguant pour le système nerveux ainsi que pour les structures musculaires et tendineuse. C’est une des raisons pour lesquels je suis arrivé sur l’ironman de Mont-Tremblant dans un état de fatigue mentale très (trop!) avancé, et sûrement, une des raisons pour laquelle je me suis blessé. Pour conclure, je pense que ce type d’entraînement est indispensable pour bien performer sur ironman, mais qu’il doit être utilisé avec précaution. J’imagine que d’ici quelques années, mon corps aura davantage la capacité à encaisser ces entraînements.
Néanmoins une bonne année de travail (12 mois)
- Nat : 192h et 578 km
- Vélo : 370h et 10 558km
- Course : 196h et 2296km
- Ski de fond : 56h et 756km
- Muscu : 52h
- Volume d’entraînement hebdomadaire : 18h
- Séance la plus longue : 8h11 pour 274km de vélo
- Plus gros bloc d’entraînement : 100h en 3 semaines
Et des résultats satisfaisants
La saison a commencé sur les chapeaux de roue le 1er Juin, avec un premier objectif atteint lors du championnat du monde Longue Distance ITU. Je visais un top 15, et j’ai fini 13e. Le niveau était très fort avec de belles têtes d’affiches (Bozone, Bockel, l’équille de France au complet, les Russes…). Toutefois, même si mon niveau de natation était à mon meilleur, je reste amer quant à cette performance puisque la natation (mon point faible) a été annulée et que l’épreuve s’est transformée en duathlon (10-97-20), sans quoi j’aurais sûrement perdu un peu de temps sur mes adversaires, et parce que les conditions météorologiques étaient clairement à mon avantage (froid et pluie). Je suis quand même très fier d’avoir couru mes 30km de course à pied à 3’40/km, et d’avoir géré la course de façon particulièrement intelligente, ce qui m’a permis de battre de nombreux athlètes qui étaient partis en sur-régime lors de la 1ère course à pied.
À Mont-Tremblant, 3 mois plus tard, alors que je pensais être dans une forme exceptionnelle et que je m’attendais à un sub 9h, j’ai finalement connu une journée « difficile », où dès la natation, je me suis retrouvé en difficulté faute d’énergie.
À défaut d’avoir du jus, j’ai ai mis du coeur à l’ouvrage et je m’en suis sorti avec une bonne performance puisque j’ai remporté mon GA et terminé 2e chez les amateurs à 30″ du triple champion du monde 30-34 ans, le tout en 9h12.
Trois semaines de repos plus tard, j’ai pris le départ du 70.3 Muskoka dans l’optique d’assurer ma qualification pour les championnats du monde 70.3 à Mont-Tremblant. L’objectif était de faire une course solide, mais sans pour autant me fatiguer dans l’optique de commencer la préparation pour Hawaii immédiatement après. Finalement, le résultat a dépassé toutes mes attentes puisque j’ai pris la 8e place de cette course sans jamais avoir à pousser. Avec le recul, je pense que j’avais atteint ce jour là le niveau de surcompensation que j’espérais atteindre à Mont-Tremblant. Malheureusement, consécutivement à un long trajet en auto pour rentrer à Québec, j’ai commencé à ressentir des douleurs au genou.
Après un arrêt forcé de 3 semaines à la course et au vélo, et à seulement 15 jours de l’Ironman d’Hawaii, je ne voyais toujours pas de signes d’amélioration au niveau de mon genou et je commençais à vraiment m’inquiéter quand à ma participation à la course. Finalement, grâce à des massages profonds du vaste médial, j’ai finalement réussi à reprendre l’entraînement en vélo et en course à pied. Malheureusement une fois la course partie, je n’avais plus aucune envie de « brider » le moteur, si bien qu’après 4 h de vélo, la douleur est réapparue et à très vite pris de l’ampleur, à tel point que j’ai dû abandonner après 5km de course alors que j’étais en 48e position. Cette course fut toute de même l’occasion de battre mon record en natation sur ce parcours ainsi que mon record en vélo tous parcours confondus (4h42).
Malgré cette contre-performance à Kona, les autres résultats confirment les ressentis à l’entraînement : je continue à progresser, lentement mais sûrement, d’année en année…
Remerciements
Du fond du coeur je remercie Valérie, ma conjointe, qui doit supporter mes nombreux voyages. Je remercie tous mes partenaires d’entraînement qui, quotidiennement, m’aident à repousser mes limites.
Et je remercie mes partenaires pour leur soutien, car sans eux je n’aurais jamais eu l’accès à du matériel d’aussi bonne qualité, ni pu participer au championnat du monde ITU, ni au championnat du monde Ironman.
Merrell : Je suis tellement fier d’être votre ambassadeur. J’aime comment vous vous impliquez pour faire évoluer le sport.
Louis Garneau : Quelle chance d’avoir un seul et unique partenaire pour la totalité du matériel de vélo (cadre, casque, chaussures, vêtements, gels, boissons…) et quelle chance j’ai de pouvoir contribuer au développement de ces produits !
Immunotec : Pour un athlète à la santé fragile tel que moi, cela ne fait aucun doute que vous contribuez grandement à l’amélioration de mes performances avec vos suppléments Immunocal.
Cascades : Sans votre soutien de dernière minute, je n’aurais jamais pu prendre le départ des championnats du monde ITU sous les couleurs de l’équipe canadienne.
Polar : Grâce à vous j’ai ENFIN eu accès à un capteur de puissance. Quel bel outil afin de pousser l’analyse de mes séances d’entraînement!
Kronobar : Des barres sans-gluten absolument délicieuses : )
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