Une année faste ! Voici ce que l’on pourrait penser à première vue. Que ce soit au championnat Nord-Américain Ironman de Mont-Tremblant (7e) ou au championnat du monde Ironman (38e), j’y ai dépassé les attentes que je m’étais fixées. Et pourtant, ceux qui me connaissent savent que 2014 fut une année particulèrement éprouvante.
Autant pour changer une routine pré-établie depuis plusieurs année, que dans la hâte d’effacer ma déconvenue de Kona 2013 (abandon sur blessure), j’avais pris le pari de complètement chambouler ma préparation annuelle afin d’être compétitif aussi bien l’hiver (pentathlon des neiges et triathlons d’hiver), qu’en été. N’ayant pas la disponibilité pour m’entraîner autant que mon niveau pourrait l’exiger, je voyais là une façon de maintenir un niveau constant tout au long de l’année plutôt que de faire le « yoyo » et de devoir faire des pieds et des mains au printemps afin de revenir au (haut) niveau l’été.
Au mois de Décembre 2013 je m’entraînais déjà 2 à 4 fois par jour en nat, vélo, course, ski de fond, raquette, patin et muscu et je suis arrivé début janvier en super forme physique. C’est là que tout a commençé à mal aller, enchaînant les blessures (tendinites, déchirure) et les maladies (otites, sinusites et nombreuses pharyngites), le tout accompagné d’un niveau de fatigue très élevé (accompagné de problèmes d’hypotension). J’ai néanmoins réussi à obtenir une 5e place au pentathlon malgré une déchirure du gastroc lors de la 2e épreuve. Ainsi s’est terminée ma saison hivernale.
Par chance, début avril, j’ai eu l’occasion d’aller encadrer le groupe d’entraînement du club des Rapides à Cozumel. Le soleil et le volume de vélo à très basse intensité m’a beaucoup aidé à me remettre sur la track et m’a permis d’avoir un printemps assez « studieux ». Après une contreperformance au 70.3 de Eagleman, où j’ai alors manqué une première tentative de qualification pour Kona, j’ai alors compris que dans mon état, c’était avant tout de repos dont j’avais besoin. Et donc 2 semaines de repos plus tard, je réalise une 5e place inespérée au 70.3 de Mont-Tremblant.
La leçon est bien rentrée, alors plutôt que de commencer ma préparation pour l’ironman de Mont-Tremblant, je décide de temporiser et d’attendre la mi-juillet avant de me remettre au travail. J’ai alors réalisé mes trois meilleures semaines d’entraînement de l’année, avec l’impression de bien récupérer et de bien surcompenser entre chaque entraînement. Durant cette période, je ne ferais aucune folie et m’assurerais de faire seulement le minimum requis à chaque entraînement tout en optimisant la récupération. Et après un « taper » un peu plus long qu’à mon habitude (2 semaines), je me sens suffisamment prêt et reposé pour pouvoir prétendre me qualifier à l’Ironman de Mont-Tremblant. Et encore une fois, je réalise une performance bien au-delà de mes espérances : 7e et premier amateur en 9h08, et le tout dans une facilité déconcertante.
Je me dis alors que la fatigue ressentie en début d’année est derrière moi, et je fais le forcing pour retrouver des qualités de vitesse qui me permettraient d’obtenir un podium au championnat du monde 70.3, trois semaines plus tard. Mon niveau de forme s’améliore, mais pourtant le jour J, après 75 km de vélo, je tombe subitement en « panne sèche ». Plus rien! Je suis contraint de rallier avec peine et misère la ligne d’arrivée au petit jog. Rien n’explique cette contre-performance, d’autant que, 3 jours plus tard, je participe au Raid Aventure Gaspésie sur 4 jours. Si l’expérience est un peu risquée en vue des championnats du monde ironman, c’est l’occasion d’avoir beaucoup de plaisir en réalisant une grosse charge d’entraînement « en dehors des sentiers battus » tout en découvrant un nouveau sport.
Redoutant une blessure aussi bien que la fatigue et à l’image de la préparation pour Mont-Tremblant, le reste de la préparation pour Kona se déroulera dans la sobriété et l’emphase sera de nouveau mise sur la récupération. Le déroulement de la course sera le reflet de ma préparation : après une natation où j’étais très confortablement installé dans les pieds, je ne prendrais absolument aucun risque sur le vélo en me contentant de « tourner les jambes » sur le retour et je resterais en contrôle de ma course à pied tout au long du marathon, inhibé par la peur d’une défaillance soudaine. Sans la manière, le résultat est pourtant bluffant : 9h06 et 38e overall (3e 25-29).
Quel constat et quelles leçons tirer de la saison 2014? Tout d’abord, il faut reconnaitre que je n’ai pas eu le même plaisir que ces dernières années. Ce que j’aime avant tout dans le triathlon, c’est l’entraînement, c’est le dépassement personnel et c’est aussi la dimension extraordinaire que revêt la préparation pour la distance Ironman. Or en 2014, mon corps ne me permettait pas cette démesure. Surfant sur les acquis, et gérant quasi-quotidiennement une fatigue chronique et de multiples « bobos », je n’ai eu que trop rarement l’occasion d’aller titiller mes limites physique. Et pourtant mes résultats en compétition furent à la hauteur, voire meilleurs que mes performances passées. J’explique cela par une plus grande maturité quant à ma gestion de course et surtout parce que les adaptations physiologiques bâties lors des saisons antérieures semblent ne pas nécessiter autant d’investissement qu’on ne le pense pour perdurer dans le temps. Cette saison confirme l’importance d’écouter son corps au jour le jour. Plus que jamais, c’est ce que j’ai fait tout au long de la saison, et je suis convaincu que c’est ce qui m’a permis d’obtenir de si bons résultats malgré des conditions difficiles. D’autre part, j’ai appris à quel point la coupure hivernale peut avoir de l’importance quant aux performances à venir : faire une double saison (hiver+été) peut s’avérer une expérience intéressante, mais il ne faut pas négliger l’impact négatif que pourrait avoir votre saison hivernale sur la saison estivale.
Une chose est certaine, si je veux poursuivre ma progression, je devrai impérativement reprendre l’entraînement en 2015 en meilleure santé!
À suivre dans « Perspective 2015″…
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