La préparation
Après un hiver que je qualifierais de « réparateur », un printemps « rigoureux » m’a permis de retrouver de bonnes sensations telles que je n’en avais pas eues depuis le printemps 2013.
Les choses sérieuses ont commencé au mois de mars avec deux semaines de camp d’entraînement en Floride (Delray) avec l’équipe cycliste Garneau-Québécor (que je remercie pour leur accueil). Entre les « Boca ride » du mardi et jeudi soir, les «Mike’s ride » du samedi et dimanche matin, auxquels se sont ajoutés un gran-fondo et un criterium, on peut dire que le camp a été particulièrement douloureux et dévastateur. Et non seulement les gars étaient beaucoup plus forts que moi, mais ils étaient aussi beaucoup mieux préparés. Ces 1300km de vélo réalisés à très vive allure ont été enrichissants et m’ont rapidement permis de retrouver un niveau compétitif.
Par la suite, j’ai eu la chance de passer le mois complet à Sherbrooke où mes conditions d’entraînement sont très nettement meilleures que celles que j’ai à Québec. J’ai ainsi pu reprendre la natation en toute sérénité, retrouver mon meilleur niveau en course à pied, et continuer de progresser en cyclisme sur un terrain de jeu idéal pour préparer mon premier objectif de la saison : le Challenge Quassy.
Pourquoi…si…
Le « Challenge » Quassy (Connecticut), anciennement « Rev3 » Quassy, est réputé pour son parcours vélo très difficile ainsi que pour son plateau d’athlètes très relevé. Le plan était donc de continuer à s’entraîner fort début mai, puis de commencer à récupérer pour « peaker » pour cette épreuve. C’est à ce moment là qu’à mon grand désarroi Challenge a décidé de supprimer les bourses offertes aux athlètes professionnels sur cette épreuve. Que faire? Je me suis immédiatement inscrit au 70.3 Raleigh auquel je pensais pouvoir descendre en auto avec Antoine Joliceur-Desroches mais finalement, ce dernier n’y allant plus, je n’avais pas d’autre option que d’y aller en avion. Quand j’ai vu que la température au Québec ne se réchauffait pas et considéré la température étouffante qu’il faisait à Raleigh, j’ai vite compris que si j’investissais de l’argent dans un billet d’avion, ce serait à perte. J’ai donc décidé de poursuivre ma préparation en vue du 70.3 Mont-Tremblant, tout en participant à Quassy sans en faire un objectif prioritaire.
« Race Day »
Après un bon départ en natation, je me suis rapidement laissé glisser dans les pieds de Frédéric Bouchard qui est habituellement un meilleur nageur que moi. Après quelques centaines de mètres, un rapide coup d’œil m’a permis de constater que j’étais encore avec le groupe de tête. À mi-parcours, Fred a décidé d’accélérer un peu l’allure et, ayant repris l’entraînement en natation depuis peu, j’ai préféré laisser filer plutôt que de me mettre dans le rouge au point de voir ma technique se dégrader dramatiquement. Je suis sorti de l’eau en 29 minutes, à 1 minute du groupe de tête.
Les premiers kilomètres furent pénibles et je sentais que les jambes avaient du mal à ouvrir. Sans nul doute des restes du Grand-Prix de Charlevoix auquel j’avais pris part la fin de semaine précédente. À défaut d’avoir eu le temps de faire la reconnaissance du parcours, j’avais appris par cœur le dénivelé positif de parcours et je savais que de nombreuses côtes étaient au programme. Du coup, cela ne m’a pas stressé plus que ça car je savais que je pourrais me reprendre plus tard.
Cela m’a pris une trentaine de kilomètres pour revenir sur la tête de course. Je suis alors resté 1 ou 2 minutes en arrière pour jauger mes adversaires, puis j’ai décidé de passer en avant dans la première longue descente. Après quelques virages, j’ai vite constaté qu’il n’y avait plus personne en arrière. Les sensations étant bonnes, j’ai donc poursuivi mon effort jusqu’au pied de la première longue côte (15min) que j’ai montée à vive allure (380w) pour continuer à creuser l’écart. Au km 65, un aller/retour m’a permis de constater que j’avais maintenant 6 minutes d’avance sur mon poursuivant le plus proche. Comme les côtes continuaient à s’enchaîner les unes après les autres et que mes jambes ne montraient aucun signe de fatigue, j’étais alors très confiant à l’idée de poser le vélo avec une confortable avance sur mes concurrents.
Au départ de la course à pied, n’ayant aucune idée de mon avance, j’ai tout de suite adopté un bon rythme. Là encore, je me suis rendu compte que le parcours est vraiment casse-pattes. Et plus les kilomètres défilent, plus les côtes sont longues et abruptes. Le demi-ironman de Quassy n’est décidément pas un triathlon pour les doux.
Arrivé à mi-parcours, un bénévole m’annonce alors que j’ai posé le vélo avec 11min30 d’avance. Et comme je viens de passer le premier 10km en 37:08, un rapide calcul me dit qu’à moins d’une très grosse défaillance de ma part aucun coureur aussi bon soit-il ne pourra jamais revenir sur moi. Je peux donc me permettre de relâcher l’allure et de savourer les 10 derniers kms me conduisant à la ligne d’arrivée. Voilà qui débute bien la saison!
Certains diront, et avec raison, que le calibre n’était pas aussi fort que d’autres années, mais je pense avoir néanmoins gagné avec la manière, avec à l’arrivée près d’une quinzaine de minutes d’avance sur un athlète tel que Chris Thomas. Dans tous les cas, il s’agit de ma victoire la plus prestigieuse.
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