J’avais beaucoup d’attentes sur ce demi-ironman. D’ailleurs, si Taylor Reid était le grand favori du jour, j’étais sur le papier un sérieux candidat pour le podium. Et suite à ma 10e place à Tremblant deux semaines plus tôt, tous mes espoirs de conclure cette première partie de saison avec quelques gains de course reposaient sur cette épreuve.
La récupération après le 70.3 Tremblant était très bonne et j’avais même pu placer une vingtaine d’heures d’entraînement pour ne pas perdre la forme du moment. La semaine de ‘taper’ juste avant la course s’était également bien passée et j’avais même pu me mettre en confiance lors de mes séances d’activation, particulièrement en natation et en vélo où les sensations étaient meilleures que jamais.
Le vendredi, la route à travers le New-Brunswik s’est déroulée sans encombre et m’a même parue plus courte que ce à quoi je m’attendais (env. 7h). « La route était belle! ». En arrivant je me suis même offert le luxe de faire une nuit de 10h! La veille de la course, tous mes entraînements se sont bien déroulés avec de bonnes sensations dans les 3 sports et dans un climat détendu.
Natation : 27min26
Le matin de la course, je me suis donc présenté sur la ligne de départ avec le sentiment du travail accompli, tout à fait confiant dans mes capacités à réaliser une belle performance (un top 3). Sur la ligne de départ, je décide de me placer à l’extrême gauche, de façon à pouvoir surveiller tous mes adversaires sans être dérangé par le soleil levant. Après un excellent départ, je décide de me laisser glisser tranquillement en 2e position du 2e groupe car je sais que le premier groupe est trop rapide pour moi. Malheureusement, la ‘draft’ est loin d’être optimale, et quelques lacets de mon concurrent auront pour effet de me mettre « dans le rouge ». Je perds 1m, 2m… puis rapidement 3, 4, 5m… rien à faire je ne suis pas en mesure de revenir dans les pieds. Et comme derrière, personne ne veut passer je suis contraint de prendre la chasse à mon compte et je me dis alors que tout le monde doit aussi être dans le rouge. Lorsque tout à coup, je vois un nageur que je pense alors être Cédric Boily débouler à ma droite et me dépasser à très grande vitesse pour, à ma grande stupéfaction, boucher en quelques coups de bras la dizaine de mètres que j’avais perdu : je me suis fais avoir comme un bleu! Pas question de me faire avoir une 2e fois alors je ralenti encore mon pace pour me refaire une santé. Après 200m 2 gars me dépassent tranquillement et je n’ai pas de mal à rentrer dans les pieds. Je me dis alors qu’il n’y a plus qu’à rentrer tranquillement à T1 avec eux pour limiter la casse. Mais voilà qu’à l’approche de l’avant-dernière bouée, mes bras commencent à faire défaut : d’un seul coup c’est la panne sèche. Je sens ma technique se détériorer inexorablement, et l’acide lactique monter dans les bras. Décidément, c’est pas ma journée! Je complète tant bien que mal les quelques centaines de mètres, les derniers mètres qui me séparent de la terre ferme, regardant les premières filles parties quelques minutes après moi, avaler implacablement la distance qui nous sépare. Malheureusement, mon calvaire ne fait que commencer car dès les premièrs mètres de la longue transition (800m en côte) jusqu’au parc à vélo je sens mes bronches s’obstruer : c’est la crise d’asthme. Complètement collé, les premières filles me dépassent une à une.

Avec toute l’équipe de Polar Canada pour nous encourager!
Vélo : 2h24 STRAVA
Arrivée au parc à vélo, le choix est vite fait car il ne reste plus que mon vélo! Bon me voici dans mon élément me dis-je, et qui plus est avec un parcours tel que je les affectionne! Après 1km voilà que les 2 premières filles (que j’avais doublées dans le parc à vélo) me dépassent à nouveau. Sans paniquer, j’essaie de trouver mon rythme et, quelques km plus loin, voilà que c’est au tour d’un groupe d’âge de me dépasser. Grrrr! Là ça commence à bien faire, et je décide de redoubler et de lâcher tout ce petit monde. Après quelques km je me retourne et constate qu’ils sont toujours derrière moi. Les données de mon capteur de puissance confirment les ressentis : ce n’est pas ma journée 😦 Sans aucun miracles, je complète le parcours avec 273 watts de moyenne, soit une cinquantaine de watts de moins qu’un mois auparavant à Quassy.
Course à pied : 1h30
En course à pied, je m’aperçois très vite que les jambes ne sont pas meilleures, et résolu à ne pas abandonner, je m’accroche au fait que je dois continuer à mettre un pied devant l’autre pour continuer à avancer. Lorsqu’après 10km Mélanie McQuaid (première fille) me rattrape (je dois alors courir à 4’45/km), un sursaut d’orgueil me pousse à prendre sa foulée pour compléter le dernier tour avec… à 4’30/km.
Je termine donc 13e de la course (4h27’44), à plus de 30 minutes du vainqueur Taylor Reid. Ma désillusion est totale et, sous le choc, je rentre immédiatement m’enfermer dans ma chambre d’hôtel. Je sens que le retour jusqu’à Québec va être long….