Après avoir achevé la première partie de mon programme de compétition (Challenge Quassy–70.3 Mont-Tremblant– Challenge St-Andrews) sur une fausse note, une rapide analyse m’a appris que j’avais besoin de repos. Alors que je cherchais à optimiser chaque petit détail de ma préparation, ma quête de performance au cours des derniers mois avait viré à l’obsession! Et ce stress physique et psychologique permanent avait fini par nuire à mon entraînement.
Mon voyage en France était donc l’occasion parfaite de décrocher et d’oublier la déprime post St-Andrews! Le plan était de passer une première semaine chez mes parents à l’occasion du mariage de ma cousine puis de passer 2 semaines dans les Alpes.
Ma première semaine d’entraînement dans le Loir-et-Cher (41) fut laborieuse dans tout les sens du terme, avec même parfois de gros passages à vide lors de certains entraînements. Mais j’ai gardé mon calme et j’ai persévéré pour finalement retrouver de meilleures sensations à mon arrivée dans les Alpes. Le plan était alors de m’entraîner le plus possible la première semaine, puis de me reposer la 2e semaine avant de participer bon an mal an avec les jambes du jour au triathlon de l’Alpe d’Huez, pour ensuite « peacker » le 16 août lors de l’Ironman de Mont-Tremblant où l’objectif est toujours de faire un podium.
Au fil des jours (et des cols), j’ai vite retrouvé un niveau de forme très intéressant et réalisé un important volume (41h) dont une grande part à une intensité proche ou supérieure à mon intensité sur ironman. J’ai également eu l’agréable surprise de retrouver très rapidement mon « coup de pédale » en montagne grâce à mes plateaux Rotor Qring (oval). En fait, ces plateaux permettent de très bien passer les points morts , me permettant dès les premiers jours en montagne d’adopter une bonne fréquence de pédalage et m’évitant quelques courbatures spécifiques à ce type de terrain.
Le triathlon longue distance de l’Alpe d’Huez n’étant pas un objectif prioritaire, je ne me suis accordé que 3 jours de repos avant cette épreuve que j’avais déjà complétée en 7h22 en 2008. Sur ce parcours extrêmement exigeant, je n’avais aucune idée de la façon dont allait réagir mon corps à l’accumulation de fatigue, et je m’étais donc préparé à vivre une journée de galère. De toute façon, je me doutais que sur la quarantaine d’athlète élite engagés, une bonne moitié serait dans le même cas de figure.
Natation : 2500m (2 tours)- environ 33′
Le départ de natation se faisait dans le lac du Verney, au pied de la station de Vaujany. Tel que prévu, le départ de masse est chaotique et la première bouée est l’occasion d’une bonne bousculade. J’arriverai à sortir indemne en passant à l’intérieur. Je décide d’employer la même stratégie pour la 2e bouée : et ça passe! Un rapide coup d’oeil me montre que ma stratégie était la bonne et que j’ai ainsi gagné un temps précieux sans avoir à forcer l’allure. Je m’installe confortablement dans les pieds d’un élite et je ne quitterai pas ce groupe jusqu’à la toute fin du 2e tour.
Cyclisme : 117km – 3h59 – STRAVA
Je n’ai alors aucune idée de ma position même si j’ai l’impression qu’il ne reste plus beaucoup de vélos dans ma rangée. Par précaution car le temps est incertain, je prends quand même le temps de mettre mes manchettes et de glisser une feuille de « couverture de survie » dans mon tri-suit et je m’élance dans le long faux-plat descendant jusqu’à Séchilienne. Même si elle ne me permet pas de générer autant de puissance que sur mon vélo de TT, ma position sur les aérobarres est extrêmement rapide (et aéro). Ça roule entre 45 et 55km/h! Comme en France la distance légale pour le drafting est de 7m, je comprends vite qu’il est inutile de faire des efforts à ce moment de la course et je me résigne à rester dans un train jusqu’à la première difficulté du jour : l’Alpe du Grand-Serre (15km à 6,5%). Dès le pied de l’ascension, je décide d’attaquer pour faire le ménage et un 20min à 360w me permet de me retrouver en 6e position de la course. C’est à ce moment là que mes bronches décident de me lâcher et que je commence à faire l’asthme à l’effort. L’altitude n’aidant pas, je me vois contraint de baisser l’allure et je vois un train d’une douzaine de cycliste me dépasser. Ne voulant pas risquer de pénalité, je rétrograde pour me placer en queue de wagon et puis je relance pour basculer avec le groupe. Malheureusement, quelques wagons ayant sauté, cela ne suffira pas et je me retrouverai tout seul pour faire la descente. Ce n’est qu’après un gros effort dans la côte de la Morte que je reviendrai au contact avec le groupe et ré-intégrerai le top 10.

Facile! Équipement vélo : cadre Louis Garneau Gennix R1 Dream Factory, groupe Dura-ace mécanique 11v (11-28), pédalier Rotor Flow compact (52-36), guidon Easton Ec70 et aérobars Hed carbon modifiées, roues Corima 72mm (1400g), boyaux Continental Podium TT 22mm à l’avant et Compétition 23mm à l’arrière, pédales Kéo Power, selle Spécialized Romin.
Un peu avant le début de col d’Ornon, un rapide coup d’oeil m’apprend que mes adversaires sont « collés » et c’est tout naturellement que je me détache du groupe avec 2 autres concurrents au pied du col d’Ornon. Je suis un peu trop pesant pour grimper très vite lorsque la pente dépasse 6%, mais dans du 3-4% je me régale. Même si les jambes sont bonnes je préfère laisser filer mes 2 compères dans les dernières rampes du col d’Ornon afin de me préserver pour la montée finale vers l’Alpe d’Huez. Je concède alors une bonne minute que je suis assez confiant de pouvoir reprendre lors de la descente. Et effectivement, après une descente à fond de train je les rattraperai dans le tout dernier lacet de la descente sur Bourg d’Oisons, au pied du col de l’Alpe d’Huez. Je me sens bien dès les premiers virages, mais par chance mon capteur de puissance me rappelle à l’ordre car il y en a quand même 21 à aligner…. Après quelques minutes, j’assiste d’ailleurs à une grosse défaillance d’un de mes adversaires, quasiment à l’arrêt (et je dois avouer que moi non plus je ne vais plus très vite). Par prudence, je laisse donc filer l’autre concurrent et je me retrouve complètement seul avec mon compteur de vélo : il reste au moins 45 minutes d’ascension!!! Je suis alors 7e. Et comme dans les 2 précédents col, à partir de 1400m d’altitude, je commence à faiblir. Les derniers km me semblent une éternité et je m’accroche au fait que les watts ne sont somme toute pas si mal. Finalement, c’est seulement arrivé au parc à vélo que je réalise qu’il faut encore courir…
Course à pied : 22km (1900m d’altitude) : env. 1h30 – STRAVA
En descendant du vélo, j’ai comme le feeling que ça va être dur… et finalement, même si les jambes courent un peu carré, elles ne sont pas en si mauvais état. En revanche, dans les premiers 3km de faux-plat montant vers le col de Sarenne, la pompe s’affole : je cours à 4’30 du km et pourtant j’ai l’impression d’être à Vo2Max! Le demi-tour aura au moins le mérite de m’informer que mes adversaires sont dans le même état que moi et que je n’ai que 5 minutes de retard sur la tête de course. Dans la descente, je suis incapable de prendre de la vitesse et je me fais dépasser par l’américain DePhillipis (qui finira en 3e position). Je n’exagère pas en disant que le gars court 2x plus vite que moi! Après 7km, j’ai toujours le souffle court et je me vois mal faire 3 tours comme cela. Quelques crampes et l’arrivée de quelques concurrents revenant de l’arrière ont le mérite de me sortir de ma torpeur : je ne me suis pas tapé 3 cols à vélo pour exploser en course à pied! Étonnamment, à l’entame du dernier tour, je contrôle beaucoup mieux ma respiration et je suis en mesure de relancer l’allure. Je rattrape 1, puis 2 concurrents que je distance facilement. De peur que les crampes reviennent, et parce que je n’aperçois pas de concurrents en avant, je me contreins à mettre le frein. Et voilà que la ligne d’arrivée arrive déjà! Ben zut alors, je me sentais bien pour faire un 4e tour! À n’y rien comprendre!
Avec un temps de 6h06 je m’empare d’une belle 8e place et de la bourse qui va avec (enfin!). Compte tenu du contexte d’entraînement, le temps et la place me satisfont entièrement! Il ne reste plus qu’à surcompenser pour l’Ironman de Mont-Tremblant.
De son côté, Valérie a « cassé la baraque » sur le vélo avec un temps de 4h30! Ce qui lui permet de prendre également la 8e position chez les femmes. Je suis très impressionné par cette performance, d’autant plus qu’elle s’était entraînée plus d’une trentaine d’heures en ma compagnie la semaine précédente!
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Wow! Les paysages sont vraiment incroyables!
Et félicitations pour vos résultats! 🙂