Une année extraordinaire
Bonjour chers lecteurs,
Cela fait bientôt un an que je n’ai pas écrit sur mon site web. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir vécu une année extraordinaire sur tous les plans!
Beaucoup d’athlètes vivent un véritable deuil à la fin de leur carrière sportive. J’ai effectivement entraperçu l’immense trou noir créé par mon retrait de la compétition. Mais au lieu de m’y morfondre, j’ai réorienté cette formidable énergie que je mettais au profit de mes performances sportives au profit de mes performances académiques. Au-delà des bonnes notes obtenues dans mes cours, je suis fier d’avoir su synthétiser les nombreuses connaissances engrangées tout au long de l’année dans un article de revue qui devrait être publié prochainement dans un journal scientifique.
En parallèle, j’ai réussi à trouver un peu de temps pour continuer à aider quelques jeunes athlètes professionnels dans leurs projets sportifs personnels. Et même si la saison est encore loin d’être terminée, je peux déjà dire que le bilan est excellent.
Je finirai par mentionner le plus beau moment de ma vie : la naissance d’Alix, mon premier fils. Si trou noir il restait, ce petit bonhomme débordant de joie et de vie est rapidement devenu le centre de mon univers! Quel bonheur de le voir grandir chaque jour…
Je vous reviens très prochainement avec une autre excellente nouvelle!
À bientôt,
PY
Vers de nouveaux objectifs : j’ai troqué ma selle contre un banc d’école
Rentrée scolaire
Depuis 2 semaines, je suis étudiant à l’Université Laval dans le programme de doctorat en médecine expérimentale. Ayant mis à profit ces 3 dernières années pour vivre à fond ma passion pour le triathlon en tant qu’athlète et entraîneur, il était temps pour moi de reprendre ma trajectoire initiale avec comme objectif de devenir chercheur en sciences du sport.
À 28 ans, je commence donc un doctorat (4 ans), qui me permettra ensuite de faire un post-doc (1 ou 2 ans), qui ensuite, seulement si je suis parmi les meilleurs des meilleurs, me permettra peut-être de trouver un poste de professeur dans une université. Alors oui, la route est encore longue, ardue et très incertaine et, vous l’aurez sûrement compris, impliquera un investissement exclusif de ma part. Mais comme vous le savez aussi, j’adore les défis, et ma détermination est sans borne!
Alors bien sûr, je continuerai à « faire du triathlon » car cela fait partie de mon équilibre personnel et des valeurs que je prône, mais ce sera à temps perdu pour garder un minimum de forme et, peut-être, pour participer à quelques événements occasionnels afin de se rappeler des joies et des douleurs qu’apportent le dépassement personnel.
Voici une petite vidéo à propos de mon laboratoire de recherche (le LICA) mettant en scène mon directeur (Éric Larose) et mon co-directeur (Jean-Pierre Després).
Notre étude portera sur l’impact de l’activité physique sur l’encrassement des vaisseaux sanguins, ce phénomème (responsable des AVC et des arrêts cardiaques) étant la première cause de décès dans les pays développés.
Fin de saison 2015
Pour revenir sur la saison 2015, quelques jours après ma déconvenue de Mont-Tremblant (abandon) le compétiteur en moi a repris le dessus pour chercher une autre occasion de me reprendre et exploiter le travail titanesque réalisé à l’entraînement au cours des derniers mois. Alors qu’il était initialement prévu que je finisse ma saison après l’Ironman de Tremblant, je trouvais ça dommage de finir sur une fausse note pour ensuite ruminer mon échec tout au long des longs mois d’hiver, voire des années à venir…
Les options qui s’offraient à moi étaient alors l’Ironman de Chattanooga fin septembre (Tennessee) ou le championnat Canadien longue distance à Montréal. L’Ironman de Muskoka fin août eût été idéalement placé mais ce dernier n’accueillait malheureusement pas d’athlètes professionnels. La première option étant rendue impossible par la rentrée scolaire et l’incapacité de payer mon billet d’avion, il ne me restait plus qu’à me rabattre sur le championnat canadien qui a lieu au moment même où j’écris ce post.
J’ai donc repris l’entraînement en mettant à profit les dernières belles journées d’été avant la rentrée. J’ai alors connu quelques journées de très grande forme physique, mais la plupart du temps, c’était des journées où je me traînais avec peine et misère, sans le moindre plaisir ni la moindre motivation. Autant dire que le volume et la qualité des entraînements étaient très ordinaires.
Et pourtant, 2 semaines avant le triathlon de demi-ironman de Montréal et 1 semaine avant le triathlon Olympique de Duchesnay, j’ai commencé à ressentir une douleur au niveau du 5e métatarse pendant un entraînement de course à pied. Après une semaine de repos de course à pied, j’avais bon espoir de pouvoir compléter Duchesnay, mais alors qu’il ne restait que 5km à pied et que j’avais environ 1’30 d’avance sur le 2e (Alex Boulé), la douleur s’est accentuée à tel point que j’ai dû prendre la décision d’abandonner pour ne pas prendre le risque d’agraver ce que je suspecte fortement être une fracture de stress.
Voici donc qui clos une saison 2015 riche en rebondissements et plus intense que jamais et qui entame un nouveau chapitre de ma vie qui, j’en suis certain, sera tout aussi passionnant et exaltant que le précédent.
Abandon ou La dure Loi du sport
Un an de préparation pour ÇA!
Après avoir pleuré à chaudes larmes suite à cet échec, j’en suis maintenant rendu à essayer de comprendre. Comprendre comment j’ai pu rater mon coup à ce point-là.
Toute l’année j’ai travaillé très fort, j’ai été rigoureux tant au niveau de l’entraînement que de la récupération, j’ai fait preuve d’abnégation et de détermination. Cette course était tellement importante pour moi. Pour plusieurs raisons sur lesquelles je reviendrai ultérieurement, c’était LA compétition qui devait être le point culminant de ma carrière d’athlète, où je devais exprimer un niveau de performance que je ne retrouverais sans doute jamais.
J’aurais mérité un dénouement plus heureux.
Mais que voulez-vous, lorsque les jambes ne veulent plus, lorsque la vitesse et la puissance diminuent inexorablement, on a beau aller chercher dans ses dernières ressources mentales pour mettre une dent en moins ou relancer la fréquence de pédalage, c’est en vain, la fatigue finit toujours par te rattraper.
La journée avait très mal commencé en natation. Après 300-400m, j’ai senti mes bras devenir très lourds. Je me suis acharné pour rester au contact du groupe « 56 minutes » mais c’était de pire en pire. Je descendais de groupe en groupe. Lorsque tous les hommes furent passés, ça a été au tour de filles, puis des groupes d’âge de me doubler. J’ai alors réalisé que mes mains commençaient à s’engourdir. C’est à ce moment là que j’ai compris que sous mon wetsuit, les manches de mon maillot faisaient un garrot au niveau de mon biceps, bloquant la circulation sanguine. Compte tenu de la température annoncée (chaud) j’avais décidé au dernier moment de mettre ma tenue 2 pièces. Quelle erreur de ne pas l’avoir testée au préalable! Je sortirai de l’eau en 1h00min45″, très loin de mes objectifs et de mon niveau actuel.
Sur le vélo, les jambes n’étaient pas top, mais après 40km, j’ai commencé à me mettre dans le rythme et à revenir sur quelques pros, chassant un groupe de 6 situés à 3min et sur lequel je revenais progressivement. J’ai bouclé mon 1er tour en 1h20, dans le temps de passage prévu initialement. Avec la chaleur, je me doutais que le 2ème tour serait plus rapide que le premier et je m’alignai donc avec confiance sur un temps de 4h40 en vélo. J’avais espoir de recoller sur la 117 pour pouvoir me placer dans le train et commencer à penser à la course à pied.
Mais ma tête et mon corps en ont décidé autrement : dans les 10 km qui ont suivi le demi tour ma puissance a commencé à baisser, autant sur le plat que dans les côtes. Je n’étais pas spécialement fatigué musculairement et mes réserves énergétiques étaient encore très bonnes. Je n’avais pas non plus de douleurs. Ça ne voulait juste plus. Un autre 10km m’a confirmé que j’étais complètement cuit. J’avais peine et misère à pousser 215w. Les 15km pour revenir à la zone de transition m’ont paru interminables et, arrivé au début du chemin Duplessis, j’ai mis le flasher à gauche direction l’hôtel. Je n’avais clairement pas l’énergie pour courir un marathon correctement. J’étais là pour faire une place, pas pour « finir » un Ironman.
Je suis donc là, dans une chambre d’hôtel à essayer de comprendre : pourquoi? Après 10 ironman, dont certains avec à peine quelques jours de taper, et d’autres avec un état de fatigue physique et mentale important (préparation physique + coaching) je n’ai jamais connu une telle défaillance après seulement 5 heures de course.
Ma préparation était certes ambitieuse (camp d’entraînement + triathlon de l’Alpe d’Huez), mais mon résultat à l’Alpe (8e) montre qu’avec seulement 3 jours de récup j’avais très bien assimilé le camp d’entraînement. Et les résultats de Mary-Beth Ellis (victoire à Mont-Tremblant aujourd’hui), de Ema Pooley (victoire à l’Embrunman hier), de James Cunama (2e à Embrun) et de quelques autres athlètes ayant participé à l’Alpe d’Huez sont la preuve que la formule fonctionne!
Je pense que le problème a été la vilaine gastroentérite qui ma cloué au lit pendant 6 jours sans pouvoir rien manger la semaine passée, à mon retour de France. Immédiatement après ma performance à l’Alpe. Autant dire que mon système à été particulièrement éprouvé durant cet épisode de gastro durant lequel j’ai perdu environ 7kg. J’étais complètement vidé. Depuis lundi j’ai beaucoup mangé afin de reprendre des forces (parfois je me levais 2 fois par nuit!), et j’étais confiant d’arriver sur la ligne de départ avec 100% de mes moyens même si les sensations à l’entraînement étaient assez mitigées. Il faut croire que cette gastro aura laissé plus de traces que je ne le pensais.
Même si cette échec est difficile à avaler, il y a des choses pires que ça dans la vie. Et puis les très belles performances de mes coéquipiers Caroline St-Pierre (10e, 9h55) et Jérôme Bresson (9h09), me mettent un peu de baume au coeur. Je crois même que je vais aller encourager les derniers finishers sur la ligne d’arrivée.
Ironman Mont-Tremblant : ça passe ou ça casse!
Dimanche matin, à 6h36, je prendrai le départ de l’Ironman Mont-Tremblant. Ce sera ma 4e participation en 4 éditions à cette compétition. Contrairement aux précédentes éditions où l’objectif était simplement d’obtenir ma qualification pour Kona, cette année mes objectifs sont radicalement différents : je suis à Tremblant pour faire une place!
Cela fait maintenant presque une année que je « fais le métier » comme un athlète professionnel. Pour cela, j’ai diminué mon implication en tant qu’entraîneur (je ne suis plus entraîneur au Rouge et Or triathlon) et je coache seulement quelques athlètes à distance. Ces dispositions me permettent de gérer mon emploi du temps comme je le souhaite, et ce à n’importe quel endroit de la planète où une connexion wifi est possible. Ma priorité quotidienne consistait donc à nager, rouler, courir et surtout à dormir, manger, m’étirer, me masser ou me faire masser. Alors qu’en 2014 je m’étais entraîné en moyenne 16h par semaine, depuis le mois de mars, je tourne à plus de 20h d’entraînement par semaine, avec certaines semaines à plus de 40h. Bref, j’ai eu des conditions parfaites pour me préparer à performer.
Le revers de la médaille, ce sont les sacrifices financiers et le stress que cela représente. Comparés à un total de gains de course s’élevant à 400 euros cette année, les 100 000$ en bourse dimanche sont particulièrement attirants. Un top 5 me permettrait de rembourser les 1100$ investis dans ma licence professionnelle ainsi que de finir la saison honorablement. Au regard de la start-list et de mon niveau de forme actuel, le top 3 (mon objectif de début de saison) me semble impossible à atteindre et je préfère me raccrocher à un objectif réaliste.
Pour rentrer dans le top 5, il va falloir descendre sous les 9h et s’approcher de 8h50. L’objectif est donc de faire 1h en natation+t1, 4h45 en vélo+t2 et 3h en course à pied. En termes de stratégie, j’espère nager dans un petit groupe composé entre autres de Sanders et de Patrice Brisindi, puis je donnerai tout pour rester à vélo avec Sanders durant le premier tour, en espérant rapidement pouvoir rejoindre le groupe de tête. En course à pied, je compte passer le premier demi-marathon en 1h30, et j’essaierai d’accélérer au début du 2e tour. Mon principal adversaire sera alors la chaleur exceptionnelle annoncée demain (température ressentie de 37°C). Je m’attends à ce que les 10 derniers kilomètres soient très durs, mais si j’explose, je n’aurai pas de regrets à avoir car j’aurai tenté le tout pour le tout.
Vous pourrez suivre ma performance sur Ironman Live grâce au capteur GPS dont tous les PROs seront munis.
Lien vers mon entrevue à Salut Bonjour (TVA)

Crédit photo : André Bélanger. Matériel vélo : Cadre LG Tr1, pédalier Rotor Flow – Qring 54-42, roues Corima, pédaler Look/Polar Power, boyaux Continental Podium TT, groupe Ultégra Di2, guidon Pro Missile, Selle Adamo.

Crédit photo : Robert Mahaits. Veille de course avec Jacques Galarneau (speaker) et Christian Triquet (Merrell Canada)
Triathlon de l’Alpe d’Huez
Après avoir achevé la première partie de mon programme de compétition (Challenge Quassy–70.3 Mont-Tremblant– Challenge St-Andrews) sur une fausse note, une rapide analyse m’a appris que j’avais besoin de repos. Alors que je cherchais à optimiser chaque petit détail de ma préparation, ma quête de performance au cours des derniers mois avait viré à l’obsession! Et ce stress physique et psychologique permanent avait fini par nuire à mon entraînement.
Mon voyage en France était donc l’occasion parfaite de décrocher et d’oublier la déprime post St-Andrews! Le plan était de passer une première semaine chez mes parents à l’occasion du mariage de ma cousine puis de passer 2 semaines dans les Alpes.
Ma première semaine d’entraînement dans le Loir-et-Cher (41) fut laborieuse dans tout les sens du terme, avec même parfois de gros passages à vide lors de certains entraînements. Mais j’ai gardé mon calme et j’ai persévéré pour finalement retrouver de meilleures sensations à mon arrivée dans les Alpes. Le plan était alors de m’entraîner le plus possible la première semaine, puis de me reposer la 2e semaine avant de participer bon an mal an avec les jambes du jour au triathlon de l’Alpe d’Huez, pour ensuite « peacker » le 16 août lors de l’Ironman de Mont-Tremblant où l’objectif est toujours de faire un podium.
Au fil des jours (et des cols), j’ai vite retrouvé un niveau de forme très intéressant et réalisé un important volume (41h) dont une grande part à une intensité proche ou supérieure à mon intensité sur ironman. J’ai également eu l’agréable surprise de retrouver très rapidement mon « coup de pédale » en montagne grâce à mes plateaux Rotor Qring (oval). En fait, ces plateaux permettent de très bien passer les points morts , me permettant dès les premiers jours en montagne d’adopter une bonne fréquence de pédalage et m’évitant quelques courbatures spécifiques à ce type de terrain.
Le triathlon longue distance de l’Alpe d’Huez n’étant pas un objectif prioritaire, je ne me suis accordé que 3 jours de repos avant cette épreuve que j’avais déjà complétée en 7h22 en 2008. Sur ce parcours extrêmement exigeant, je n’avais aucune idée de la façon dont allait réagir mon corps à l’accumulation de fatigue, et je m’étais donc préparé à vivre une journée de galère. De toute façon, je me doutais que sur la quarantaine d’athlète élite engagés, une bonne moitié serait dans le même cas de figure.
Natation : 2500m (2 tours)- environ 33′
Le départ de natation se faisait dans le lac du Verney, au pied de la station de Vaujany. Tel que prévu, le départ de masse est chaotique et la première bouée est l’occasion d’une bonne bousculade. J’arriverai à sortir indemne en passant à l’intérieur. Je décide d’employer la même stratégie pour la 2e bouée : et ça passe! Un rapide coup d’oeil me montre que ma stratégie était la bonne et que j’ai ainsi gagné un temps précieux sans avoir à forcer l’allure. Je m’installe confortablement dans les pieds d’un élite et je ne quitterai pas ce groupe jusqu’à la toute fin du 2e tour.
Cyclisme : 117km – 3h59 – STRAVA
Je n’ai alors aucune idée de ma position même si j’ai l’impression qu’il ne reste plus beaucoup de vélos dans ma rangée. Par précaution car le temps est incertain, je prends quand même le temps de mettre mes manchettes et de glisser une feuille de « couverture de survie » dans mon tri-suit et je m’élance dans le long faux-plat descendant jusqu’à Séchilienne. Même si elle ne me permet pas de générer autant de puissance que sur mon vélo de TT, ma position sur les aérobarres est extrêmement rapide (et aéro). Ça roule entre 45 et 55km/h! Comme en France la distance légale pour le drafting est de 7m, je comprends vite qu’il est inutile de faire des efforts à ce moment de la course et je me résigne à rester dans un train jusqu’à la première difficulté du jour : l’Alpe du Grand-Serre (15km à 6,5%). Dès le pied de l’ascension, je décide d’attaquer pour faire le ménage et un 20min à 360w me permet de me retrouver en 6e position de la course. C’est à ce moment là que mes bronches décident de me lâcher et que je commence à faire l’asthme à l’effort. L’altitude n’aidant pas, je me vois contraint de baisser l’allure et je vois un train d’une douzaine de cycliste me dépasser. Ne voulant pas risquer de pénalité, je rétrograde pour me placer en queue de wagon et puis je relance pour basculer avec le groupe. Malheureusement, quelques wagons ayant sauté, cela ne suffira pas et je me retrouverai tout seul pour faire la descente. Ce n’est qu’après un gros effort dans la côte de la Morte que je reviendrai au contact avec le groupe et ré-intégrerai le top 10.

Facile! Équipement vélo : cadre Louis Garneau Gennix R1 Dream Factory, groupe Dura-ace mécanique 11v (11-28), pédalier Rotor Flow compact (52-36), guidon Easton Ec70 et aérobars Hed carbon modifiées, roues Corima 72mm (1400g), boyaux Continental Podium TT 22mm à l’avant et Compétition 23mm à l’arrière, pédales Kéo Power, selle Spécialized Romin.
Un peu avant le début de col d’Ornon, un rapide coup d’oeil m’apprend que mes adversaires sont « collés » et c’est tout naturellement que je me détache du groupe avec 2 autres concurrents au pied du col d’Ornon. Je suis un peu trop pesant pour grimper très vite lorsque la pente dépasse 6%, mais dans du 3-4% je me régale. Même si les jambes sont bonnes je préfère laisser filer mes 2 compères dans les dernières rampes du col d’Ornon afin de me préserver pour la montée finale vers l’Alpe d’Huez. Je concède alors une bonne minute que je suis assez confiant de pouvoir reprendre lors de la descente. Et effectivement, après une descente à fond de train je les rattraperai dans le tout dernier lacet de la descente sur Bourg d’Oisons, au pied du col de l’Alpe d’Huez. Je me sens bien dès les premiers virages, mais par chance mon capteur de puissance me rappelle à l’ordre car il y en a quand même 21 à aligner…. Après quelques minutes, j’assiste d’ailleurs à une grosse défaillance d’un de mes adversaires, quasiment à l’arrêt (et je dois avouer que moi non plus je ne vais plus très vite). Par prudence, je laisse donc filer l’autre concurrent et je me retrouve complètement seul avec mon compteur de vélo : il reste au moins 45 minutes d’ascension!!! Je suis alors 7e. Et comme dans les 2 précédents col, à partir de 1400m d’altitude, je commence à faiblir. Les derniers km me semblent une éternité et je m’accroche au fait que les watts ne sont somme toute pas si mal. Finalement, c’est seulement arrivé au parc à vélo que je réalise qu’il faut encore courir…
Course à pied : 22km (1900m d’altitude) : env. 1h30 – STRAVA
En descendant du vélo, j’ai comme le feeling que ça va être dur… et finalement, même si les jambes courent un peu carré, elles ne sont pas en si mauvais état. En revanche, dans les premiers 3km de faux-plat montant vers le col de Sarenne, la pompe s’affole : je cours à 4’30 du km et pourtant j’ai l’impression d’être à Vo2Max! Le demi-tour aura au moins le mérite de m’informer que mes adversaires sont dans le même état que moi et que je n’ai que 5 minutes de retard sur la tête de course. Dans la descente, je suis incapable de prendre de la vitesse et je me fais dépasser par l’américain DePhillipis (qui finira en 3e position). Je n’exagère pas en disant que le gars court 2x plus vite que moi! Après 7km, j’ai toujours le souffle court et je me vois mal faire 3 tours comme cela. Quelques crampes et l’arrivée de quelques concurrents revenant de l’arrière ont le mérite de me sortir de ma torpeur : je ne me suis pas tapé 3 cols à vélo pour exploser en course à pied! Étonnamment, à l’entame du dernier tour, je contrôle beaucoup mieux ma respiration et je suis en mesure de relancer l’allure. Je rattrape 1, puis 2 concurrents que je distance facilement. De peur que les crampes reviennent, et parce que je n’aperçois pas de concurrents en avant, je me contreins à mettre le frein. Et voilà que la ligne d’arrivée arrive déjà! Ben zut alors, je me sentais bien pour faire un 4e tour! À n’y rien comprendre!
Avec un temps de 6h06 je m’empare d’une belle 8e place et de la bourse qui va avec (enfin!). Compte tenu du contexte d’entraînement, le temps et la place me satisfont entièrement! Il ne reste plus qu’à surcompenser pour l’Ironman de Mont-Tremblant.
De son côté, Valérie a « cassé la baraque » sur le vélo avec un temps de 4h30! Ce qui lui permet de prendre également la 8e position chez les femmes. Je suis très impressionné par cette performance, d’autant plus qu’elle s’était entraînée plus d’une trentaine d’heures en ma compagnie la semaine précédente!
Challenge St-Andrews : plus les sacrifices sont grands, plus les contre-performances font mal
J’avais beaucoup d’attentes sur ce demi-ironman. D’ailleurs, si Taylor Reid était le grand favori du jour, j’étais sur le papier un sérieux candidat pour le podium. Et suite à ma 10e place à Tremblant deux semaines plus tôt, tous mes espoirs de conclure cette première partie de saison avec quelques gains de course reposaient sur cette épreuve.
La récupération après le 70.3 Tremblant était très bonne et j’avais même pu placer une vingtaine d’heures d’entraînement pour ne pas perdre la forme du moment. La semaine de ‘taper’ juste avant la course s’était également bien passée et j’avais même pu me mettre en confiance lors de mes séances d’activation, particulièrement en natation et en vélo où les sensations étaient meilleures que jamais.
Le vendredi, la route à travers le New-Brunswik s’est déroulée sans encombre et m’a même parue plus courte que ce à quoi je m’attendais (env. 7h). « La route était belle! ». En arrivant je me suis même offert le luxe de faire une nuit de 10h! La veille de la course, tous mes entraînements se sont bien déroulés avec de bonnes sensations dans les 3 sports et dans un climat détendu.
Natation : 27min26
Le matin de la course, je me suis donc présenté sur la ligne de départ avec le sentiment du travail accompli, tout à fait confiant dans mes capacités à réaliser une belle performance (un top 3). Sur la ligne de départ, je décide de me placer à l’extrême gauche, de façon à pouvoir surveiller tous mes adversaires sans être dérangé par le soleil levant. Après un excellent départ, je décide de me laisser glisser tranquillement en 2e position du 2e groupe car je sais que le premier groupe est trop rapide pour moi. Malheureusement, la ‘draft’ est loin d’être optimale, et quelques lacets de mon concurrent auront pour effet de me mettre « dans le rouge ». Je perds 1m, 2m… puis rapidement 3, 4, 5m… rien à faire je ne suis pas en mesure de revenir dans les pieds. Et comme derrière, personne ne veut passer je suis contraint de prendre la chasse à mon compte et je me dis alors que tout le monde doit aussi être dans le rouge. Lorsque tout à coup, je vois un nageur que je pense alors être Cédric Boily débouler à ma droite et me dépasser à très grande vitesse pour, à ma grande stupéfaction, boucher en quelques coups de bras la dizaine de mètres que j’avais perdu : je me suis fais avoir comme un bleu! Pas question de me faire avoir une 2e fois alors je ralenti encore mon pace pour me refaire une santé. Après 200m 2 gars me dépassent tranquillement et je n’ai pas de mal à rentrer dans les pieds. Je me dis alors qu’il n’y a plus qu’à rentrer tranquillement à T1 avec eux pour limiter la casse. Mais voilà qu’à l’approche de l’avant-dernière bouée, mes bras commencent à faire défaut : d’un seul coup c’est la panne sèche. Je sens ma technique se détériorer inexorablement, et l’acide lactique monter dans les bras. Décidément, c’est pas ma journée! Je complète tant bien que mal les quelques centaines de mètres, les derniers mètres qui me séparent de la terre ferme, regardant les premières filles parties quelques minutes après moi, avaler implacablement la distance qui nous sépare. Malheureusement, mon calvaire ne fait que commencer car dès les premièrs mètres de la longue transition (800m en côte) jusqu’au parc à vélo je sens mes bronches s’obstruer : c’est la crise d’asthme. Complètement collé, les premières filles me dépassent une à une.

Avec toute l’équipe de Polar Canada pour nous encourager!
Vélo : 2h24 STRAVA
Arrivée au parc à vélo, le choix est vite fait car il ne reste plus que mon vélo! Bon me voici dans mon élément me dis-je, et qui plus est avec un parcours tel que je les affectionne! Après 1km voilà que les 2 premières filles (que j’avais doublées dans le parc à vélo) me dépassent à nouveau. Sans paniquer, j’essaie de trouver mon rythme et, quelques km plus loin, voilà que c’est au tour d’un groupe d’âge de me dépasser. Grrrr! Là ça commence à bien faire, et je décide de redoubler et de lâcher tout ce petit monde. Après quelques km je me retourne et constate qu’ils sont toujours derrière moi. Les données de mon capteur de puissance confirment les ressentis : ce n’est pas ma journée 😦 Sans aucun miracles, je complète le parcours avec 273 watts de moyenne, soit une cinquantaine de watts de moins qu’un mois auparavant à Quassy.
Course à pied : 1h30
En course à pied, je m’aperçois très vite que les jambes ne sont pas meilleures, et résolu à ne pas abandonner, je m’accroche au fait que je dois continuer à mettre un pied devant l’autre pour continuer à avancer. Lorsqu’après 10km Mélanie McQuaid (première fille) me rattrape (je dois alors courir à 4’45/km), un sursaut d’orgueil me pousse à prendre sa foulée pour compléter le dernier tour avec… à 4’30/km.
Je termine donc 13e de la course (4h27’44), à plus de 30 minutes du vainqueur Taylor Reid. Ma désillusion est totale et, sous le choc, je rentre immédiatement m’enfermer dans ma chambre d’hôtel. Je sens que le retour jusqu’à Québec va être long….
70.3 Mont-Tremblant : mon 1er 70.3 Pro
Dimanche dernier, je prenais pour la 7e fois le départ d’un triathlon longue-distance à Mont-Tremblant. Malgré les 1000km nagés, pédalés et courus en compétition sur ce parcours (et encore plus à l’entraînement), ce 7e « Mont-Tremblant » avait une connotation particulière puisque c’était mon premier 70.3 en tant qu’athlète professionnel!
L’objectif principal était avant tout de rentrer dans les bourses afin de non-seulement rentabiliser les 1100$ de frais d’inscription payés à Ironman pour la saison 2015 mais surtout pour payer la carte de crédit qui commence à déborder…
À plusieurs reprises sur 70.3 et Ironman j’ai réalisé des performances chez les groupes d’âge qui m’auraient permis de recevoir des bourses si j’avais couru chez les professionnels. Par conséquent, ce n’était pas utopique de ma part de travailler à temps partiel de façon à accorder davantage de temps à mon entraînement et de compter sur mes performances pour compléter mes revenus. J’avais donc organisé mon calendrier de course en conséquence.
Malheureusement, le Challenge Quassy ayant supprimé ses bourses quelques semaines avant l’événement, cette victoire ne m’a rien rapporté mis à part les 10$ que j’avais pariés avec Julien.
Considérant l’investissement mis dans mon entraînement ses derniers mois et les bonnes sensations ressenties à l’entraînement ainsi qu’au Challenge Quassy, je ne m’avançais pas trop en visant autour de 4h05, ce qui me donnait de bonnes chances de rentrer dans le top 8 de cette course où 60 000$ était en jeu.
J’ai vite déchanté lorsque j’ai reçu la startlist et que j’y ai vu un grand nombre de gros noms tels que Tim Don, Richie Cunningham, Kyle Butterfield, Jesse Thomas, Paul Ambrose ainsi que quelques jeunes figures montantes du triathlon longue distance tels que James Seear ou les Ontariens Cody Beals (vainqueur à Eagleman la semaine précédente), Taylor Reid et Lionel Sanders qui faisait figure de grand favori.
J’avais néanmoins l’intention de vendre chèrement ma peau! Je savais que dans tout les cas, j’aurais fort à faire juste pour essayer de rattraper le Québécois d’origine Cédric Boily, auteur d’un très bon début de saison et avec qui j’ai un compte à régler à Mont-Tremblant.)
Natation : 27:00 (1:25/100m)
Après un bon départ, j’ai intelligemment relâché mon effort pour ne pas me mettre en sur-régime et rester avec des nageurs de mon niveau. J’ai nagé toute la première partie du parcours au côté d’un athlète que je suspectais (avec raison) être Lionel Sanders. Par la suite Patrice Brisindi (en compagnie de Sacha Cavalier) nous a rattrapés et a pris le devant du groupe pour la 2e moitié du parcours. Très efficace sur ma nage tout au long du parcours, j’ai réalisé là mon meilleur temps de natation sur un 70.3, en adéquation avec les progrès (techniques) réalisés à l’entraînement.
Pour la petite histoire, quelques semaines avant la course, lorsque j’ai appris à Lionel que je faisais aussi cette course il m’avait dit : « Cool, on va pouvoir nager ensemble et faire un train à vélo pour remonter sur la tête de course! ». Je m’étais alors dit exactement la chose suivante : « Mouais… admettons que je sorte de l’eau avec, puis admettons que j’arrive à le suivre de la zone de transition, encore faudra-t’il être en mesure de lâcher les 350w (voier plus) nécessaires. » Et comme de juste, je me suis fait lâcher dans les 800m de zone de transition. LOL.
Cyclisme : 2:14:29 (311 watts) STRAVA
Dès le début du vélo, j’ai vu Sanders partir comme une fusée et je n’ai fait aucun effort pour rester avec lui. J’aurais bien voulu essayer, mais je n’avais tout juste pas les jambes pour. Rapidement, Sacha a pris les devants et m’a distancé malgré le fait que je forçais plus qu’à mon habitude à ce moment-là de la course. Je ne me suis pas inquiété et je l’ai finalement rattrapé et dépassé à l’occasion d’une descente. Rendu au 1er demi-tour, je m’aperçois que l’écart avec mes poursuivants s’est creusé, et qu’à part le groupe de tête déjà loin devant, il ne reste qu’Antoine Jolicoeur-Desroches qui est esseulé à 2 minutes en avant ainsi que Cédric et Gerlach à 3 minutes en avant. J’espère alors que le parcours vallonné des 40 derniers kilomètres de vélo va jouer en ma faveur, mais je sens que mes jambes sont déjà mal en point. Alors que d’habitude j’ai une très bonne réserve de puissance, ce qui me permet d’aller chercher du temps dans les côtes, cette fois ci c’est l’inverse et je peine à changer de rythme à la moindre difficulté. J’ai constamment l’impression d’être à bloc et finalement je ne parviendrai à revenir sur Antoine (auteur d’une superbe performance) qu’à la toute fin du parcours tandis que l’écart avec Cédric est resté le même.
Au final, mon temps de vélo est 2min30 plus lent que l’an passé sur le 70.3 et 1min plus lent qu’au championnat du monde où j’avais pourtant connu une sévère défaillance sur la fin du parcours. Avec 311w, c’est aussi 7 watts de moins qu’à Quassy malgré un effort (mental) de ma part beaucoup plus grand. Ce que je m’explique difficilement, c’est que c’est seulement 10 watts de moins que Jesse Thomas (qui est quand même relativement grand) et qui a pourtant roulé 6min30 plus vite que moi. L’effet du drafting à 12m ne dois pas être étranger à cela. Et si mon temps de vélo est loin de celui du pack de tête, il est à une éternité du 2h02 (350w) de Sanders.

Crédit photo : André Bélanger. Matériel vélo : Cadre LG Tr1, pédalier Rotor Flow – Qring 54-42, roues Corima, pédaler Look/Polar Power, boitier de pédalier/galets SCYS, boyaux Continental Podium TT, groupe Ultégra Di2, guidon Pro Missile, Selle Adamo.
Course à pied : 1:20:54 (3:50/km)
L’objectif initial était de tenir entre 3:37 et 3:42/km sur le demi-marathon. Après quelques kilomètres, j’ai rapidement vu que ça allait être impossible cette journée là et j’ai donc adopté une stratégie axée sur mes sensations avec un premier 10km en contrôle pour ensuite faire le gros de mon effort entre le 11e et le 16e kilomètres pour au final rester sous les 1h20. Les 5 derniers kilomètres ont été très pénibles (4:02/km) et j’ai passé la ligne d’arrivée avec le sentiment d’avoir tout donné avec un temps de 4h06min43, soit en 10e position.
À ceux qui me demandent si je suis content de ce résultat, je leur réponds qu’il s’agit de mon record sur le parcours et d’un temps correspondant à mes attentes et à mon niveau actuel. Si je n’ai pas eu une mauvaise journée, je n’ai pas eu non plus une excellente journée. Par contre, ce que je suis forcé de constater, c’est que malgré de nombreux sacrifices et efforts, je suis à 5 minutes (ce qui, à mon niveau est énorme) de pouvoir aller chercher un 500$ de bourse et que je termine à plus de 9% du temps du vainqueur du jour Lionel Sanders.

Crédit photo : Erin McDonald. De gauche à droite moi-même, Cody Beals, Thomas Gerlach, Lionel Sanders, Taylor Reid, Kyle Butterfield
Je tiens à féliciter mes athlètes et mes co-équipiers de l’Équipe Merrell-LG qui ont réalisé de superbes performances à Tremblant, et plus particulièrement ma blonde qui, ironie du sort, termine 8e de son 1er Demi-Ironman et empoche une qualification pour les championnats du monde de 70.3 qui auront lieu en Autriche en Août prochain.
Je tiens à remercier mes sponsors sans qui l’aventure serait impossible. J’ai une pensée particulière pour les employées de Merrell Canada qui ont appris la semaine passée que les bureaux de St-Sauveur et de Montréal vont fermer leurs portes en décembre prochain. J’ai eu la chance de côtoyer cette équipe débordante d’enthousiasme à de nombreuses reprises au cours de ces dernières années et j’ai pu voir à quel point elle était compétente. Quelle tristesse!
Je remercie aussi ma belle famille qui a fait le déplacement avec nous et qui a fourni un soutien considérable toute la fin de semaine : )
Victoire au demi-ironman Challenge Quassy
La préparation
Après un hiver que je qualifierais de « réparateur », un printemps « rigoureux » m’a permis de retrouver de bonnes sensations telles que je n’en avais pas eues depuis le printemps 2013.
Les choses sérieuses ont commencé au mois de mars avec deux semaines de camp d’entraînement en Floride (Delray) avec l’équipe cycliste Garneau-Québécor (que je remercie pour leur accueil). Entre les « Boca ride » du mardi et jeudi soir, les «Mike’s ride » du samedi et dimanche matin, auxquels se sont ajoutés un gran-fondo et un criterium, on peut dire que le camp a été particulièrement douloureux et dévastateur. Et non seulement les gars étaient beaucoup plus forts que moi, mais ils étaient aussi beaucoup mieux préparés. Ces 1300km de vélo réalisés à très vive allure ont été enrichissants et m’ont rapidement permis de retrouver un niveau compétitif.
Par la suite, j’ai eu la chance de passer le mois complet à Sherbrooke où mes conditions d’entraînement sont très nettement meilleures que celles que j’ai à Québec. J’ai ainsi pu reprendre la natation en toute sérénité, retrouver mon meilleur niveau en course à pied, et continuer de progresser en cyclisme sur un terrain de jeu idéal pour préparer mon premier objectif de la saison : le Challenge Quassy.
Pourquoi…si…
Le « Challenge » Quassy (Connecticut), anciennement « Rev3 » Quassy, est réputé pour son parcours vélo très difficile ainsi que pour son plateau d’athlètes très relevé. Le plan était donc de continuer à s’entraîner fort début mai, puis de commencer à récupérer pour « peaker » pour cette épreuve. C’est à ce moment là qu’à mon grand désarroi Challenge a décidé de supprimer les bourses offertes aux athlètes professionnels sur cette épreuve. Que faire? Je me suis immédiatement inscrit au 70.3 Raleigh auquel je pensais pouvoir descendre en auto avec Antoine Joliceur-Desroches mais finalement, ce dernier n’y allant plus, je n’avais pas d’autre option que d’y aller en avion. Quand j’ai vu que la température au Québec ne se réchauffait pas et considéré la température étouffante qu’il faisait à Raleigh, j’ai vite compris que si j’investissais de l’argent dans un billet d’avion, ce serait à perte. J’ai donc décidé de poursuivre ma préparation en vue du 70.3 Mont-Tremblant, tout en participant à Quassy sans en faire un objectif prioritaire.
« Race Day »
Après un bon départ en natation, je me suis rapidement laissé glisser dans les pieds de Frédéric Bouchard qui est habituellement un meilleur nageur que moi. Après quelques centaines de mètres, un rapide coup d’œil m’a permis de constater que j’étais encore avec le groupe de tête. À mi-parcours, Fred a décidé d’accélérer un peu l’allure et, ayant repris l’entraînement en natation depuis peu, j’ai préféré laisser filer plutôt que de me mettre dans le rouge au point de voir ma technique se dégrader dramatiquement. Je suis sorti de l’eau en 29 minutes, à 1 minute du groupe de tête.
Les premiers kilomètres furent pénibles et je sentais que les jambes avaient du mal à ouvrir. Sans nul doute des restes du Grand-Prix de Charlevoix auquel j’avais pris part la fin de semaine précédente. À défaut d’avoir eu le temps de faire la reconnaissance du parcours, j’avais appris par cœur le dénivelé positif de parcours et je savais que de nombreuses côtes étaient au programme. Du coup, cela ne m’a pas stressé plus que ça car je savais que je pourrais me reprendre plus tard.
Cela m’a pris une trentaine de kilomètres pour revenir sur la tête de course. Je suis alors resté 1 ou 2 minutes en arrière pour jauger mes adversaires, puis j’ai décidé de passer en avant dans la première longue descente. Après quelques virages, j’ai vite constaté qu’il n’y avait plus personne en arrière. Les sensations étant bonnes, j’ai donc poursuivi mon effort jusqu’au pied de la première longue côte (15min) que j’ai montée à vive allure (380w) pour continuer à creuser l’écart. Au km 65, un aller/retour m’a permis de constater que j’avais maintenant 6 minutes d’avance sur mon poursuivant le plus proche. Comme les côtes continuaient à s’enchaîner les unes après les autres et que mes jambes ne montraient aucun signe de fatigue, j’étais alors très confiant à l’idée de poser le vélo avec une confortable avance sur mes concurrents.
Au départ de la course à pied, n’ayant aucune idée de mon avance, j’ai tout de suite adopté un bon rythme. Là encore, je me suis rendu compte que le parcours est vraiment casse-pattes. Et plus les kilomètres défilent, plus les côtes sont longues et abruptes. Le demi-ironman de Quassy n’est décidément pas un triathlon pour les doux.
Arrivé à mi-parcours, un bénévole m’annonce alors que j’ai posé le vélo avec 11min30 d’avance. Et comme je viens de passer le premier 10km en 37:08, un rapide calcul me dit qu’à moins d’une très grosse défaillance de ma part aucun coureur aussi bon soit-il ne pourra jamais revenir sur moi. Je peux donc me permettre de relâcher l’allure et de savourer les 10 derniers kms me conduisant à la ligne d’arrivée. Voilà qui débute bien la saison!
Certains diront, et avec raison, que le calibre n’était pas aussi fort que d’autres années, mais je pense avoir néanmoins gagné avec la manière, avec à l’arrivée près d’une quinzaine de minutes d’avance sur un athlète tel que Chris Thomas. Dans tous les cas, il s’agit de ma victoire la plus prestigieuse.
Rétrospective sur l’année 2014
Une année faste ! Voici ce que l’on pourrait penser à première vue. Que ce soit au championnat Nord-Américain Ironman de Mont-Tremblant (7e) ou au championnat du monde Ironman (38e), j’y ai dépassé les attentes que je m’étais fixées. Et pourtant, ceux qui me connaissent savent que 2014 fut une année particulèrement éprouvante.
Autant pour changer une routine pré-établie depuis plusieurs année, que dans la hâte d’effacer ma déconvenue de Kona 2013 (abandon sur blessure), j’avais pris le pari de complètement chambouler ma préparation annuelle afin d’être compétitif aussi bien l’hiver (pentathlon des neiges et triathlons d’hiver), qu’en été. N’ayant pas la disponibilité pour m’entraîner autant que mon niveau pourrait l’exiger, je voyais là une façon de maintenir un niveau constant tout au long de l’année plutôt que de faire le « yoyo » et de devoir faire des pieds et des mains au printemps afin de revenir au (haut) niveau l’été.
Au mois de Décembre 2013 je m’entraînais déjà 2 à 4 fois par jour en nat, vélo, course, ski de fond, raquette, patin et muscu et je suis arrivé début janvier en super forme physique. C’est là que tout a commençé à mal aller, enchaînant les blessures (tendinites, déchirure) et les maladies (otites, sinusites et nombreuses pharyngites), le tout accompagné d’un niveau de fatigue très élevé (accompagné de problèmes d’hypotension). J’ai néanmoins réussi à obtenir une 5e place au pentathlon malgré une déchirure du gastroc lors de la 2e épreuve. Ainsi s’est terminée ma saison hivernale.
Par chance, début avril, j’ai eu l’occasion d’aller encadrer le groupe d’entraînement du club des Rapides à Cozumel. Le soleil et le volume de vélo à très basse intensité m’a beaucoup aidé à me remettre sur la track et m’a permis d’avoir un printemps assez « studieux ». Après une contreperformance au 70.3 de Eagleman, où j’ai alors manqué une première tentative de qualification pour Kona, j’ai alors compris que dans mon état, c’était avant tout de repos dont j’avais besoin. Et donc 2 semaines de repos plus tard, je réalise une 5e place inespérée au 70.3 de Mont-Tremblant.
La leçon est bien rentrée, alors plutôt que de commencer ma préparation pour l’ironman de Mont-Tremblant, je décide de temporiser et d’attendre la mi-juillet avant de me remettre au travail. J’ai alors réalisé mes trois meilleures semaines d’entraînement de l’année, avec l’impression de bien récupérer et de bien surcompenser entre chaque entraînement. Durant cette période, je ne ferais aucune folie et m’assurerais de faire seulement le minimum requis à chaque entraînement tout en optimisant la récupération. Et après un « taper » un peu plus long qu’à mon habitude (2 semaines), je me sens suffisamment prêt et reposé pour pouvoir prétendre me qualifier à l’Ironman de Mont-Tremblant. Et encore une fois, je réalise une performance bien au-delà de mes espérances : 7e et premier amateur en 9h08, et le tout dans une facilité déconcertante.
Je me dis alors que la fatigue ressentie en début d’année est derrière moi, et je fais le forcing pour retrouver des qualités de vitesse qui me permettraient d’obtenir un podium au championnat du monde 70.3, trois semaines plus tard. Mon niveau de forme s’améliore, mais pourtant le jour J, après 75 km de vélo, je tombe subitement en « panne sèche ». Plus rien! Je suis contraint de rallier avec peine et misère la ligne d’arrivée au petit jog. Rien n’explique cette contre-performance, d’autant que, 3 jours plus tard, je participe au Raid Aventure Gaspésie sur 4 jours. Si l’expérience est un peu risquée en vue des championnats du monde ironman, c’est l’occasion d’avoir beaucoup de plaisir en réalisant une grosse charge d’entraînement « en dehors des sentiers battus » tout en découvrant un nouveau sport.
Redoutant une blessure aussi bien que la fatigue et à l’image de la préparation pour Mont-Tremblant, le reste de la préparation pour Kona se déroulera dans la sobriété et l’emphase sera de nouveau mise sur la récupération. Le déroulement de la course sera le reflet de ma préparation : après une natation où j’étais très confortablement installé dans les pieds, je ne prendrais absolument aucun risque sur le vélo en me contentant de « tourner les jambes » sur le retour et je resterais en contrôle de ma course à pied tout au long du marathon, inhibé par la peur d’une défaillance soudaine. Sans la manière, le résultat est pourtant bluffant : 9h06 et 38e overall (3e 25-29).
Quel constat et quelles leçons tirer de la saison 2014? Tout d’abord, il faut reconnaitre que je n’ai pas eu le même plaisir que ces dernières années. Ce que j’aime avant tout dans le triathlon, c’est l’entraînement, c’est le dépassement personnel et c’est aussi la dimension extraordinaire que revêt la préparation pour la distance Ironman. Or en 2014, mon corps ne me permettait pas cette démesure. Surfant sur les acquis, et gérant quasi-quotidiennement une fatigue chronique et de multiples « bobos », je n’ai eu que trop rarement l’occasion d’aller titiller mes limites physique. Et pourtant mes résultats en compétition furent à la hauteur, voire meilleurs que mes performances passées. J’explique cela par une plus grande maturité quant à ma gestion de course et surtout parce que les adaptations physiologiques bâties lors des saisons antérieures semblent ne pas nécessiter autant d’investissement qu’on ne le pense pour perdurer dans le temps. Cette saison confirme l’importance d’écouter son corps au jour le jour. Plus que jamais, c’est ce que j’ai fait tout au long de la saison, et je suis convaincu que c’est ce qui m’a permis d’obtenir de si bons résultats malgré des conditions difficiles. D’autre part, j’ai appris à quel point la coupure hivernale peut avoir de l’importance quant aux performances à venir : faire une double saison (hiver+été) peut s’avérer une expérience intéressante, mais il ne faut pas négliger l’impact négatif que pourrait avoir votre saison hivernale sur la saison estivale.
Une chose est certaine, si je veux poursuivre ma progression, je devrai impérativement reprendre l’entraînement en 2015 en meilleure santé!
À suivre dans « Perspective 2015″…
39e au championnat du monde Ironman, 3e chez les 25-29
Wow! Si on m’avais annoncé ce résultat avant la course j’aurais signé tout de suite! Pour ma 4e participation au championnat du monde Ironman (Kona, Hawaii), mon objectif était de monter sur le podium dans ma catégorie des 25-29 ans, et je me sentais capable de me placer entre la 50e et a 75e place.
Assez confiant quant à ma natation depuis le début de la semaine, je savais que la journée allait être longue alors j’avais décidé d’y aller « à l’économie ». Après un départ sans encombre, j’ai vite trouvé ma place dans un petit groupe et j’ai complété 3800m en 1h01.
La première heure de vélo a été très chaotique car je devais sans cesse accélérer pour doubler les groupes qui se forment alors que le « drafting » est interdit. Dès les premiers kilomètres, l’attitude de mes concurrents est pire que jamais, par chance les arbitres veillent et font un excellent travail pour obliger les athlètes à garder leur distance.
Après 50km la voie était enfin libre, et je me suis retrouvé en compagnie de Dan Stubleski (1er amateur), un habitué de la place. Je l’ai laissé donner le rythme pour m’économiser mentalement, pris les 40 derniers kilomètres de vent de face à mon compte pour finalement poser le vélo en 2e position chez les amateurs avec un temps vélo de 4h44 sans pour autant m’hypothéquer pour la course à pied.

Une belle performance à vélo m’a permis de débuter la course à pied en 2e position chez les amateurs. (Photo : Christie O’Hara)
Dès le début du marathon, j’ai senti que j’avais des bonnes jambes. Néanmoins je ressens une profonde fatigue que je pense dûe à l’accumulation des courses auxquelles j’ai participé depuis mi-août. De plus, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’acclimater à la chaleur de l’île lors de mes précédents entraînements.
Je suis resté en tête de ma catégorie d’âge jusqu’au 25e kilomètre où j’ai alors perdu 2 places. De plus en plus fatigué, j’ai alors choisi de ne pas tenter de m’accrocher pour assurer la 3e place. Dommage, car dans les derniers kilomètres les jambes sont encore très bonnes et malgré un belle remontée, j’échouerai à 9″ de la 2e place avec un temps total de 9:06:21 (record personnel). Cela me donne une belle 39e place au classement général, soit 9 places de mieux qu’en 2010. De plus, j’ai l’honneur d’être le 1er Canadien à franchir la ligne d’arrivée.
Alors oui, j’ai un sentiment ‘d’inachevé’ car le titre de champion du monde de la distance Ironman m’échappe une fois encore, mais je n’ai pas de regret à dire que c’était ma dernière course chez les amateurs avant de nombreuses années puisque, l’an prochain, je vais rejoindre le rang des professionnels.
Pour finir, je tiens à féliciter 2 athlètes québécois qui ont également réalisé des performances exceptionnelles : Pierre-Marc Doyon (Équipe Timex) qui remporte le titre chez les 20-24 ans (9h17) et Pierre Heynemand qui termine 2e chez les 45-49 ans (9h21).
Et je tiens à remercier tous ceux qui m’aident et m’encouragent à toujours repousser mes limites : ma conjointe, mes sponsors (Merrell, Louis Garneau, Corima USA, Tyr, Polar, Immunotec et Compressport), ma famille, mes amis, mes partenaires d’entraînement… MERCI!