Mon collègue entraîneur du club de triathlon des Rapides s’étant malheureusement fracturé une cheville quelque jours avant son camp d’entraînement annuel à Montréal, mon aide a été requise pour assurer un encadrement optimal de ses athlètes. Ce fut pour moi l’occasion de partir dans le sud après cet hiver interminable. Suite à ma déchirure musculaire le 22 février, j’avais été contraint d’annuler ma participation au 70.3 d’Oceanside qui avait lieu fin mars.
KO : déchirure du gastrocnemius
Et voilà! Ce qui devait arriver arriva. À force d’ignorer tous les signaux d’alerte qui sont apparus ces derniers mois, à force d’ignorer cette fatigue profonde que je ressens depuis le mois d’août, j’aurais dû me douter que quelque chose allait finir par lâcher.
C’est au 2/3 du 6km de course à pied du pentathlon des neiges (dont le récit de course suivra sous peu) que la douleur est apparue. Cela ressemblait beaucoup à une crampe. Vous savez, ce genre de crampe dans les mollets qu’ont les débutants lorsqu’ils enchaînent la course à pied après le vélo pour la première fois. Par conséquent, même si j’étais en « beau calvaire » face à cette situation inattendue, j’ai dans un premier temps maintenu l’allure en me disant que ça allait passer, puis devant l’absence de résultat, je me suis arrêté pour étirer le muscle en question. Peine perdu, la douleur n’a fait qu’augmenter et j’ai été contraint de rejoindre la zone de transition en clopinant d’une étrange manière.
Je me dis alors que la crampe va sûrement passer pendant les 9km de ski. Effectivement la douleur s’est estompée, et j’ai été capable d’ajuster ma technique pour éviter de mettre le mollet en tension. En patin ce fut encore mieux, et puis avec mon dos qui faisait des siennes et ma technique légendaire, j’avais suffisement d’autres problèmes à régler.
Là, j’ai commencé à penser que je pourrais faire les 6km de course en raquettes sans problème. Malheureusement, ce ne fut pas le cas car la douleur fut plus vive que jamais lors du 1er km, et j’ai bien failli abandonner à plusieurs reprises. Cela étant, j’avais quand même de bonnes jambes et en haut d’une côte particulièrement pénible à monter, la douleur a fini par s’estomper. J’ai même été en mesure d’accélérer et de sprinter pour m’emparer de la 5e place.
Quelques minutes d’arrêt pour discuter avec les amis à l’arrivée, et me voilà incapable de marcher. Je me traîne comme je peux jusqu’à la tente des physios. Rapidement, les physios de PCN prononcent le mot fatidique auquel je me refusais à penser durant toute la course : « déchirure ».
Du coup Valérie a pu exercer ces talents de photographe : l’échographie confirmera l’étendue des dégâts.
Donc, depuis 2 jours, je suis coincé à la maison où je me déplace en béquilles ou à cloche-pied. Et je ne pense pas pouvoir recommencer à conduire d’ici 3-4 jours. Selon Valérie, je devrais pouvoir reprendre la course à pied d’ici 6 semaines. Je pense que pour le vélo, ce sera un peu plus rapide. Bref, on dirait bien qu’il va falloir faire une croix sur le tour du Mont-Valin, sur le triathlon d’hiver de Québec, ainsi que sur le premier triathlon de la saison : le 70.3 d’Oceanside (CA).
Côté entraînement, je devrais pouvoir reprendre la natation avec un pull (sans pousser sur le mur) d’ici quelques jours. À part ça, ça va être muscu, abdos et COMPEX.
Un hiver rigoureux
En 2014, afin de rompre avec la monotonie d’une saison de triathlon classique et pour m’adapter à ma progression physiologique, j’ai décidé de scinder ma saison en 2 parties : une saison hivernale et une saison estivale.

Triathlon de St-Donat (6e). Départ à la course en raquette, en 4e position dans la foulée de Chuck, PO et Ben Simard. Martin en embuscade derrière.
Les objectifs physiologiques étaient d’avoir un niveau de forme plus constant et d’être capable d’avoir plus de pics de performance à l’intérieur dune année (indispensable dans l’optique d’une qualification pour un championnat du monde sur le circuit PRO). J’espère aussi pouvoir limiter les ‘trop’ grosses charges d’entraînement à certains moments clés, car même si elles permettent de performer sur le court terme, elles ont un impact négatif au niveau musculo-squelétique, au niveau de la fatigue générale, et sans parler de la difficulté à concilier le travail et la vie de couple durant ces périodes d’entraînement intense.
Au niveau psychologique, le fait d’avoir une échéance à court terme rend les entraînements hivernaux beaucoup plus plaisants. Lorsque ça fait 3 jours qu’il fait -25, qu’il vente à décorner les boeufs, et que ta rue est transformée en banquise, ça te prend une méchante grosse motivation pour aller courir!
Un autre avantage de faire une saison hivernale, c’est qu’en tant qu’entraîneur de triathlon, l’hiver est beaucoup moins chargé que l’été.
Bref, mes objectifs pour cette première partie de saison sont :
– le pentathlon des neiges qui a lieu cet après-midi (22 Février) : Distance / Disciplines
– le triathlon d’hiver de Québec (8 Mars) : Distance/Disciplines
-le 45km de ski du Tour des Mont-Valins (15 Mars) : Parcours
Et effectivement, jusqu’à la fin du mois de décembre, mon plan fonctionnait à merveille. J’avais du fun, j’étais en super forme (même en nat!), et je n’étais plus blessé.
C’est après que ça s’est gâté. À vouloir m’entraîner dans 7 sports en même temps (nat-vélo-CàP-Muscu-Ski de fond-patin-raquette) dès le mois de novembre, on aurait bien dit que j’avais brûlé la chandelle par les deux bouts. Fiin décembre, je me suis blessé aux ischios (tendinite du semi-membraneux) et début janvier, je suis tombé malade. Un gros rhume qui m’a mis à terre pendant 10 jours. 10 jours sans entraînement! Un record dans mon cas! Bon, je me dis que c’est pas grave et que ça fait partie du jeu, alors sans m’affoler je reprends progressivement l’entraînement en coupant sur la natation. Tranquillement, je retrouve la forme, quand, fin janvier, juste après le triathlon de St-Donat, voilà que je tombe à nouveau malade! J’essaie de rester patient et je prends du repos, afin d’être top pour finaliser ma prépa pour le pentathlon, lequel arrive à grand pas. Mais voilà qu’à peine une semaine après que mes derniers symptômes de rhume aient disparus, un 3ème rhume apparaît, à seulement 6 jours du pentathlon. Quant à la tendinite… et bien elle est toujours là 😦
Trois rhumes en moins de 6 semaines! Au-delà de la malchance, il est temps d’envisager et de faire vérifier certaines hypothèses par un médecin.
Bon cela dit, même si j’ai mal à la gorge et les bronches obstruées, je me sens quand même en bonne forme et j’ai bon espoir de rentrer dans un top 5 sur les plaines d’Abraham cet après-midi. Tout dépendra de comment j’arrive à limiter « la casse » en patin ; )
Bilan 2013 : l’année des changements
Objectifs 2013
Pour 2013, l’objectif principal était de faire mon début chez les professionnels! Après une superbe performance à Kona en 2012 (48e) et l’impression d’avoir réalisé les progrès pré-requis en natation, j’étais assez confiant à l’idée d’être capable de ne pas paraître ridicule parmi les professionnels. Et c’est là que sont intervenus mes commanditaires : ils voulaient de la visibilité à Kona!
D’autre part, je m’étais investi énormément pour le développement d’une équipe de triathlon longue distance : l’équipe Merrell. Or je savais très bien que pour certains athlètes de l’équipe au très grand potentiel, la saison 2013 allait forcément être difficile en raison de leurs objectifs professionnels (Ju, Fred) ou familiaux (toutes mes félicitations Mireille!). Bref, le manager de l’équipe (moi), avait pas mal de pression pour assurer une aussi bonne visibilité à l’équipe en 2013 (5 athlètes à Kona + 1 PRO à Vegas en 2012).
Pour devenir triathlète « professionnel », j’entends par là pouvoir gagner de l’argent avec son statut d’athlète, il faut pouvoir travailler à mi-temps, voire moins, pour optimiser la récupération suite à la trentaine d’heures d’entraînement hebdomadaire. Étant donné le peu d’argent qu’il y a sur le circuit PRO, et étant donné le coût d’une saison de triathlon professionnelle et les déplacements que cela implique (10 à 20 000$ pour se qualifier à Kona), il est indispensable d’être en bons termes avec ses sponsors. Et puis il faut reconnaître qu’il y a plus désagréable que de participer à l’Ironman d’Hawaii ; ).
Donc pour conclure, après seulement un mois d’entraînement, voici que mon objectif de l’année venait de prendre le bord! Du coup, je me suis fixé comme objectif de faire le championnat du monde ITU (Go Canada!), puis de devenir champion du monde Ironman dans la catégorie 25-29 ans.
L’année avait à peine commencé et voilà qu’on pouvait d’ores et déjà l’appeler « l’année des changements ».
L’année des changements
Alors que j’étais à Sherbrooke depuis 5 ans , voilà que Valérie, ma conjointe, a été contrainte de déménager à Québec pour finir ses études. On peut dire que cela a mis un sacré bordel dans ma routine : dans la mesure où j’étais l’entraîneur-chef du club de triathlon de Sherbrooke, j’étais contraint de faire des allers-retours toutes les semaines. Je me suis également retrouvé avec 2 appartements à payer en même temps. Autant dire que la situation était loin d’être optimale au niveau professionnel, tout comme pour ma vie de couple, et encore moins pour l’entraînement. Lorsqu’en janvier j’ai pu céder mon bail ne faire plus qu’un aller-retour toute les 2 semaines à Sherbrooke, j’ai pu retrouver un rythme de vie plus équilibré, quoique très chaotique. Difficile d’établir une routine lorsqu’il faut continuellement changer d’environnement.
Finalement à la fin du mois d’avril, le club a réussi à trouver un entraîneur pour me remplacer, et je me suis pour ainsi dire retrouvé « sans emploi » ni couverture sociale dans la mesure où je suis travailleur autonome. Ma situation financière étant critique, j’ai alors envisagé de m’engager dans différents types de carrière professionnelle, voire de reprendre les études, et même d’arrêter la compétition.
C’est alors que le poste d’entraîneur-adjoint du Rouge et or s’est libéré, et, au début juin, j’ai pu commencer à travailler à temps partiel pour ce nouveau club, ce qui s’est transformé à temps plein avec l’encadrement des camps sport du Rouge et Or (jeunes). Bien entendu, il a fallu que je retrouve mes repères dans cet environnement urbain. Et finalement, ce n’est que sur la fin de l’été que j’ai commencé à retrouver une certaine routine à l’entraînement.
Le troisième changement, c’est que, pour la première fois de ma vie, j’ai fait appel au service d’un entraîneur en la personne de Stéphane Palazzetti. Après avoir discuté avec plusieurs entraîneurs tous aussi compétents, je me suis tourné vers Stéphane pour son ouverture d’esprit. Effectivement, notre façon de travailler était très intéressante et enrichissante. Quelques longues et enrichissantes discussions téléphoniques ont permis de s’entendre sur une planification annuelle. Par la suite, je planifiais moi-même mes entraînements, que Stéphane approuvait ou au contraire me conseillait de modifier avant réalisation, puis ensuite commentait après réalisation. Au final, on était la plupart du temps sur la même longueur d’onde. Un beau travail d’équipe, qui m’a obligé à conserver une structure dans mes entraînements malgré les facteurs extérieurs mentionnés ci-haut, et c’est toujours réconfortant dans les moments de doutes de savoir que tu as le feu vert du coach. Dans ce temps là, il reste juste à débrancher le cerveau et à « peser sur le gaz »!
Le quatrième changement, c’est que j’avais un objectif de performance bien précis (gagner!), mais difficilement contrôlable. En gros, je savais que je devais gagner 5 à 8 min sur l’ensemble de mon Ironman par rapport à mon niveau de l’année antérieure. Mais comme tu ne sais jamais sur qui tu vas tomber, cela génère un stress qui n’est pas toujours positif, et qui vient s’additionner aux stress de la vie courante. J’avais le sentiment de n’être jamais assez satisfait du niveau atteint (même si je n’ai jamais été aussi fort à l’entraînement qu’au mois d’août) et il est difficile de lever le pied. J’avais toujours envie d’en faire plus, et lorsque le corps avait besoin de repos, cela générait en moi un sentiment de frustration. Avec le recul, je m’aperçois que j’aurais dû fixer davantage d’objectifs intermédiaires contrôlables.
Par conséquent, pour la première fois, j’ai travaillé de façon très spécifique à l’allure IRONMAN (5e changement). Habituellement, je m’entraîne de façon très polarisée, c’est à dire avec quelques entraînements à très haute intensité et le reste à très base intensité. Cet été, pour donner le meilleur de moi-même à Kona, j’ai ajouté des entraînement très spécifiques à « race pace » (250 à 280w en vélo durant plusieurs heures, et 4’00 à 4’15 en course à pied sur 25 à 32km) et progressivement j’ai allongé la durée de ceux-ci. Même si ces entraînement sont très rassurants et que la surcompensation physiologique était belle et bien présente, avec le recul ce fut une grosse erreur. En effet, ce type d’entraînement est extrêmement fatiguant pour le système nerveux ainsi que pour les structures musculaires et tendineuse. C’est une des raisons pour lesquels je suis arrivé sur l’ironman de Mont-Tremblant dans un état de fatigue mentale très (trop!) avancé, et sûrement, une des raisons pour laquelle je me suis blessé. Pour conclure, je pense que ce type d’entraînement est indispensable pour bien performer sur ironman, mais qu’il doit être utilisé avec précaution. J’imagine que d’ici quelques années, mon corps aura davantage la capacité à encaisser ces entraînements.
Néanmoins une bonne année de travail (12 mois)
- Nat : 192h et 578 km
- Vélo : 370h et 10 558km
- Course : 196h et 2296km
- Ski de fond : 56h et 756km
- Muscu : 52h
- Volume d’entraînement hebdomadaire : 18h
- Séance la plus longue : 8h11 pour 274km de vélo
- Plus gros bloc d’entraînement : 100h en 3 semaines
Et des résultats satisfaisants
La saison a commencé sur les chapeaux de roue le 1er Juin, avec un premier objectif atteint lors du championnat du monde Longue Distance ITU. Je visais un top 15, et j’ai fini 13e. Le niveau était très fort avec de belles têtes d’affiches (Bozone, Bockel, l’équille de France au complet, les Russes…). Toutefois, même si mon niveau de natation était à mon meilleur, je reste amer quant à cette performance puisque la natation (mon point faible) a été annulée et que l’épreuve s’est transformée en duathlon (10-97-20), sans quoi j’aurais sûrement perdu un peu de temps sur mes adversaires, et parce que les conditions météorologiques étaient clairement à mon avantage (froid et pluie). Je suis quand même très fier d’avoir couru mes 30km de course à pied à 3’40/km, et d’avoir géré la course de façon particulièrement intelligente, ce qui m’a permis de battre de nombreux athlètes qui étaient partis en sur-régime lors de la 1ère course à pied.
À Mont-Tremblant, 3 mois plus tard, alors que je pensais être dans une forme exceptionnelle et que je m’attendais à un sub 9h, j’ai finalement connu une journée « difficile », où dès la natation, je me suis retrouvé en difficulté faute d’énergie.
À défaut d’avoir du jus, j’ai ai mis du coeur à l’ouvrage et je m’en suis sorti avec une bonne performance puisque j’ai remporté mon GA et terminé 2e chez les amateurs à 30″ du triple champion du monde 30-34 ans, le tout en 9h12.
Trois semaines de repos plus tard, j’ai pris le départ du 70.3 Muskoka dans l’optique d’assurer ma qualification pour les championnats du monde 70.3 à Mont-Tremblant. L’objectif était de faire une course solide, mais sans pour autant me fatiguer dans l’optique de commencer la préparation pour Hawaii immédiatement après. Finalement, le résultat a dépassé toutes mes attentes puisque j’ai pris la 8e place de cette course sans jamais avoir à pousser. Avec le recul, je pense que j’avais atteint ce jour là le niveau de surcompensation que j’espérais atteindre à Mont-Tremblant. Malheureusement, consécutivement à un long trajet en auto pour rentrer à Québec, j’ai commencé à ressentir des douleurs au genou.
Après un arrêt forcé de 3 semaines à la course et au vélo, et à seulement 15 jours de l’Ironman d’Hawaii, je ne voyais toujours pas de signes d’amélioration au niveau de mon genou et je commençais à vraiment m’inquiéter quand à ma participation à la course. Finalement, grâce à des massages profonds du vaste médial, j’ai finalement réussi à reprendre l’entraînement en vélo et en course à pied. Malheureusement une fois la course partie, je n’avais plus aucune envie de « brider » le moteur, si bien qu’après 4 h de vélo, la douleur est réapparue et à très vite pris de l’ampleur, à tel point que j’ai dû abandonner après 5km de course alors que j’étais en 48e position. Cette course fut toute de même l’occasion de battre mon record en natation sur ce parcours ainsi que mon record en vélo tous parcours confondus (4h42).
Malgré cette contre-performance à Kona, les autres résultats confirment les ressentis à l’entraînement : je continue à progresser, lentement mais sûrement, d’année en année…
Remerciements
Du fond du coeur je remercie Valérie, ma conjointe, qui doit supporter mes nombreux voyages. Je remercie tous mes partenaires d’entraînement qui, quotidiennement, m’aident à repousser mes limites.
Et je remercie mes partenaires pour leur soutien, car sans eux je n’aurais jamais eu l’accès à du matériel d’aussi bonne qualité, ni pu participer au championnat du monde ITU, ni au championnat du monde Ironman.
Merrell : Je suis tellement fier d’être votre ambassadeur. J’aime comment vous vous impliquez pour faire évoluer le sport.
Louis Garneau : Quelle chance d’avoir un seul et unique partenaire pour la totalité du matériel de vélo (cadre, casque, chaussures, vêtements, gels, boissons…) et quelle chance j’ai de pouvoir contribuer au développement de ces produits !
Immunotec : Pour un athlète à la santé fragile tel que moi, cela ne fait aucun doute que vous contribuez grandement à l’amélioration de mes performances avec vos suppléments Immunocal.
Cascades : Sans votre soutien de dernière minute, je n’aurais jamais pu prendre le départ des championnats du monde ITU sous les couleurs de l’équipe canadienne.
Polar : Grâce à vous j’ai ENFIN eu accès à un capteur de puissance. Quel bel outil afin de pousser l’analyse de mes séances d’entraînement!
Kronobar : Des barres sans-gluten absolument délicieuses : )
Les résultats des meilleurs Québécois sur 70.3 et Ironman
À titre informatif et afin de convaincre ma fédération provinciale d’organiser des activités rassemblant les meilleurs athlètes sur longue distance au Québec, je me suis amusé (ben ça à l’air que j’ai trop de temps à perdre…) à recenser les meilleures performances des Québécois(es) sur les courses où il y avait plus de 50 000$ de bourse, et de les comparer au temps du vainqueur.
Bien évidement, d’une course à l’autre le niveau du vainqueur est différent alors ce classement ne veut pas dire grand chose, toutefois cela permettra peut-être à certains d’y trouver une petite motivation pour aller chercher quelques petits « pourcentages » la saison prochaine.
Si jamais vous lisez ce texte et que je vous ai oublié, je vous prie de me pardonner. Merci d’indiquer votre temps dans les commentaires et je me ferai un plaisir de faire une mise à jour.
Chez les gars, on observe une belle densité à tous les niveaux, ce qui est vraiment motivant pour tous! Ce qui est intéressant, c’est aussi de voir plusieurs athlètes entre 23 et 28 ans dans la tête du classement! Ça promet pour l’avenir : ) D’autre part, gardez à l’esprit que les performances sur championnats du monde méritent un regard différent compte tenu du niveau du vainqueur.
Bref, on pourrait presque se demander pour quelle raison nous allons payer des fortunes pour faire des courses 70.3 ou Ironman, alors que, si nous pointions tous le bout de notre nez au Challenge O2 ou à Magog, nous aurions autant de concurrence, si ce n’est plus!
Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez également jeter un coup d’oeil aux performances réalisées en 2012. On remarquera que le niveau lors de l’Ironman de Mont-tremblant (championnat nord-américain) semble une coche au-dessus (désolé Romain!) qu’en 2012.
Et vous? Quelle est votre meilleure performance par rapport au temps du vainqueur sur une course où il y avait plus de 50 000$ de bourses?
Bon maintenant fini les niaiseries, je commence ma prépa « Challenge O2 » dès demain!!!
KONA 2013 : ABANDON
Tout allait trop bien!
Dès le départ de la natation, j’ai senti que j’étais dans une bonne journée. En natation, je n’ai eu aucune appréhension à l’idée de casser sur le retour, et j’ai tout donné dans le 1er 1500. Stratégie payante, car cela m’a permis de me retrouver à l’intérieur d’une gros pack de nageurs et du coup, le retour s’en est trouvé grandement facilité. Au final, j’ai fait un temps de 58’50 (1’31/100m), ce qui m’a placé en 225e position à la sortie de l’eau, alors qu’en 2011 j’étais sorti 531e (1h05) et 348e en 2012 (1h03). C’est donc un nouveau record sur ce parcours.
En vélo, dès le début j’ai senti que j’avais de bonnes jambes. Les conditions étaient vraiment très rapides, et je crois que mon nouveau vélo l’était également. Même si je manquais un peu de puissance dans les côtes, contrairement aux autres années, et j’étais vraiment plus rapide que mes adversaires dans les sections où la vitesse dépassait les 50km/h ainsi que dans les faux-plat montants. Pour ne pas trop m’enflammer je surveillais constamment ma fréquence cardiaque sur mon compteur POLAR CX600 en m’efforçant de ne pas monter au dessus de 150 bpm.
Je me suis retrouvé esseulé lors de la montée de Hawi ainsi que pour la descente, mais le reste du temps, j’avais toujours de bons rouleurs en point de mire ce qui était vraiment motivant.
C’est devenu moins drôle lorsque ma douleur au genou a commencé à se réveiller aux alentour du km 120. Rien de grave au début, mais les longues sections vent de face du retour ont rapidement détérioré la situation, si bien que la dernière heure de vélo fut très pénible. Par chance, j’étais accompagné du Français Frédéric Limousin qui a maintenu le rythme de très belle manière dans ces sections toujours compliquées et éprouvantes pour le moral, pendant ce temps là, je pouvais juste me concentrer à maintenir une fréquence de pédalage la plus élevée possible tout en restant à 10m (distance réglementaire entre 2 cyclistes). Parlons-en des 10m! Nous étions une vingtaine d’athlètes amateurs répartis sur 3-4 kilomètres à l’avant de la course, mais derrière c’était un vrai foutoir. Il y avait des packs d’une trentaine d’athlètes roue dans roue. Du jamais vu sur la Quenn-K!
En plus de la douleur, je commençais sérieusement à manquer d’endurance dans la dernière heure et j’ai perdu 3 min sur Kyle Buckingham, le vainqueur du jour chez les amateurs. Un peu normal étant donné le manque de volume des 5 dernières semaines. Cela étant, je complète la section cycliste en 4h42, soit à 38,3 km/h, soit mon record, à nouveau un record sur la distance. À ce moment de la course j’étais 48e (versus 34e l’an passé) et 4e de mon groupe d’âge.
Dès la descente du vélo, alors que je courrais dans la zone de transition, j’ai ressenti une vive douleur dans le genou. Je me suis forcé à courir les 3 premiers km, puis j’ai alterné la marche et la course. Rien à faire, la douleur était vraiment trop vive. Étant donné que j’avais pris une bonne quantité d’acétaminophène (tylénol) avant et pendant l’épreuve, considérant la quantité d’endorphines que j’avais dû sécréter pendant les 6 premières heures de course, j’ai jugé préférable de jeter l’éponge (au sens propre, et en sacrant!) après 4km. Il était utopique de vouloir compléter un marathon dans ces conditions et j’avais vraiment peur d’aggraver sérieusement ma blessure.
Mon corps est mon outil de travail, et je ne me vois pas développer de l’arthrose à 30 ans. Marcher pour rallier la ligne d’arrivée? Non, l’idée ne m’a même pas traversé l’esprit. Finir un Ironman ne représente pas pour moi un défi méritant que je prenne le risque d’affecter ma santé. Et comme je répète souvent à mes athlètes : pour performer, l’essentiel c’est d’être en bonne santé!
Ainsi s’achève ma saison 2013. Un bilan viendra un peu plus tard. Maintenant place au repos!
Bravo à tous les finishers, et notamment à tous les Québécois qui ont fait bonne figure à ce championnat du monde. Un bravo particulier à Scott Cooper qui réalise 9h18 pour sa première participation à Kona (2e Canadien) ainsi qu’à mon coloc Pierre-Marc Doyon qui a malheureusement souffert d’indigestion en course à pied mais qui néanmoins complète l’épreuve avec une 7e position chez les 18-24 ans.
Kona 2013 : mes objectifs et ma stratégie de course
Il y a 2 mois, mon objectif était le titre dans ma catégorie d’âge, suite à ma blessure il y a 1 mois, je pensais ne pas pouvoir compléter la course, il y a une semaine je m’étais fixé l’objectif d’être finisher et aujourd’hui, à la veille de la course et au regard des sensations des derniers entraînement, je pense que j’aurais les moyens de rentrer dans un top 100 et dans un top 10 dans ma catégorie d’âge.
Par contre il va falloir redoubler de prudence et être extrêmement attentif aux signaux de détresse que m’enverra surement mon genou car au moindre faux pas et ça risque d’être l’abandon.
En natation, pas de question à se poser, je sais que je dois partir à fond. Ces derniers années m’ont appris que je dois me placer sur la gauche. Au moment où ça commencera à faire vraiment mal, après environ 800m , il faudra que je poursuive mon effort pour rester au contact avec les nageurs plus rapides. Normalement le rythme devrait ralentir après 1500m pour prendre un rythme de croisière qui me permettra de rentrer au port en moins d’une heure.
Au début du vélo, même si j’ai hâte d’essayer mon nouveau jouet (voir photo ci-dessous) il faudra que je laisse les cyclistes les plus impatients me dépasser dans le 1er faux plat montant et surtout garder une position assez décontractée sur le vélo afin de permettre aux jambes de s’échauffer en douceur. Pas question de pousser des watts dès le départ. Je resterai patient la première demi-heure, puis je mettrais les gaz pour une bonne heure afin de rejoindre des groupes plus rapides. Contrairement à l’an passé je resterai patient au cours de la montée vers Hawi, conservant mon énergie pour le retour, lequel se fait généralement vent de face. Côté nutrition rien de nouveau. Je vise le remplacement de l’intégralité de mes pertes en électrolytes et en liquide, tout en absorbant 1,5g de glucide/min avec un ratio glucose-fructose de 2:1 (Boisson Ironman Perform, LG Gel et GU). La nouveauté en revanche, sera l’aide d’un capteur de puissance (POLAR), qui m’aidera à canaliser mon énergie et à garder confiance lorsque les éléments me forceront à diminuer ma vitesse. Comme les précédentes éditions, j’espère être en mesure de faire moins de 5h. Par contre hors de question de prendre autant de risques que l’an passé (30e temps vélo).
En course à pied je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Il faudra y aller aux sensations, et faire un premier demi-marathon très prudent 1h35 à 1h40 et voir comment je suis capable d’accélérer par la suite. Si j’arrive à courir 3h20 cette année je serai très content.
Au final cela devrait donner un temps compris entre 9h20 et 9h35 en fonction des conditions météo.
KONA 2013 : J-3
N’ayant pu rouler ni courir plus d’une trentaine de minutes durant prêt de 3 semaines, j’ai forcément dû adapter l’entraînement en conséquence.
C’est donc dans un contexte très particulier que j’ai pu aborder les 2 dernières semaines de préparation avant les championnats du monde Ironman, et voici la stratégie que j’ai mise en place : 6 jours consacrés au travail de l’endurance (distance ironman oblige!) / 2 jours de récupération-surcompensation / 2 jours d’entraînement en intensité / 2 jours de récupération.
Lors de mes 6 grosses journées d’entraînement, je suis parti de 2h de vélo ez le 1er jour, jusqu’à faire le parcours de vélo en poussant fort dans le vent de face le 5e jour, et en course à pied je me suis rendu jusqu’à faire un 28km le 6e jour. Ça m’a donné 515km de vélo et 76km de course à pied. Ce fut l’occasion de faire quelques parcours d’entraînement que j’affectionne particulièrement et que je refais à chaque année lors de mon passage sur l’île.
Le dimanche et le lundi qui ont suivi, comme je m’y attendais, j’étais vraiment sauté, mais comme anticipé également, j’ai rapidement surcompensé et ces 2 derniers jours j’avais retrouvé de bonnes sensations en vélo. J’en ai profité pour faire 2 bonnes séances d’intervalles en vélo. En course à pied, malheureusement j’ai eu une recrudescence de ma douleur au genou ce qui m’a empêché de finaliser la préparation comme je l’aurais souhaité, mais cela étant les sensations n’étaient pas si mauvaises.
En natation je suis à mon meilleur. Même si j’ai moins nagé la dernière semaine pour privilégier le vélo et la course, j’ai participé à la compétition préparatoire qui avait lieu samedi matin sur le parcours de l’ironman (4200m) et j’ai réussi à rentrer dans le top 20 avec un temps de 1h01 (1m27/100m), ce qui est mon record sur ce parcours particulièrement exigeant (vagues, courants). J’espère vraiment être capable de nager en bas de l’heure le jour J.
En parallèle de mes entraînements j’ai réussi à m’introduire furtivement dans le congrès de médecine sportive auquel participe Valérie. J’ai eu la chance de pouvoir parler avec quelques grands noms en science du sport tel que Benjamin Levine (Altitude), Tim Church (Diabetes de type 2 et entraînement) ou Irene Davis (Barefoot). Demain ce sera au tour de d’Asker Jeukendrup!
Les 2 prochains jours seront consacré à la récupération. Au programme siestes et plages, mais aussi nettoyage de vélo, préparation des « sacs » de course, massages, interviews, photoshoots, drop bike… Bref, encore 2 journées qui vont passer à une vitesse incroyable, et déjà ce sera le grand départ!
Lieto et sa balle magique
Cela fait une semaine que je suis sur l’île. J’avais de grandes attentes cette année, et ce fut particulièrement pénible de ne pas être en mesure de m’entraîner adéquatement malgré toutes les ressources investies au cours de l’année (aussi bien financières que humaines). La motivation n’était plus là, remplacée par un stress tel que je n’en avais jamais connu l’approche d’une compétition. Heureusement, j’ai su re-mobiliser mon énergie travailler ma natation, et surtout j’ai revu mes objectifs à la baisse : je veux être un finisher!
Depuis 3 jours, il semble que je vois enfin la lumière au bout du tunnel. Samedi matin, lorsque j’ai expliqué à Chris Lieto que j’avais un syndrome fémoro-patellaire, il a examiné mes quads est à tout de suite vu que j’y avais de nombreuses tensions, notamment au niveau du vaste médiale. Il m’a alors donné une balle de massage et m’a conseillé de me masser 2 fois par jours en exerçant des points de pression d’une vingtaine de secondes aux endroits douloureux. J’y passe au moins 2h par jour! Mais dès le premiers jours j’ai vu que j’étais capable d’allonger mes entraînements de course à pied avant que la douleur n’apparaise. Le lendemain j’ai même pu reprendre le vélo sans douleurs importantes.
Hier j’ai même réussi à faire 100km à vélo à basse intensité et à enchaîner sur un 15km de course à pied en soirée. Et ce matin, j’ai même eu la délicieuse surprise de me réveiller en ayant mal aux jambes! Bref, je suis de retour, et je commence à être optimiste quand à mes chances de finir la course. Pour le moment je manque clairement de puissance à vélo, mais je suis confiant sur ma capacité à revenir à un niveau acceptable d’ici la prochaine semaine.
Kona Jours 1, 2 et 3
À seulement 2 semaines de LA course, j’ai l’impression que la petite ville est déjà envahi par les triathlètes. J’ai vraiment l’impression qu’à chaque année les athlètes arrivent de plus en plus tôt pour s’acclimater.
Comme un bars, c’est un peu toujours les mêmes habitué qu’on y retrouve: toujours aux mêmes places aux mêmes moment! Évidement, on jase triathlon : « comment as été ta saison? » « Es-tu en forme cette année? » « À quelle heure tu vas nager demain? »
Dans la mesure où je suis blessé depuis maintenant 15 jours, cette semaine est vraiment différente de celles des 2 précédentes éditions.
En 2011 je m’étais entraîné environ 28h, avec beaucoup de travail d’endurance, tandis que en 2012 j’avais rentré environ 24h d’entraînement, avec de nombreux entraînements de qualité en vélo (Force, PMA, Seuil Anaérobie, race pace…), le tout dans des conditions extrêmes (chaleur, vent) et avec bien souvent des athlètes de renoms (Marino Vanhoenacker, Chris Lieto, Sebastien Kienle…). Ce fut parmi les moments plus mémorables de ma vie.
Cette année, à mon grand désespoir, je n’ai pas encore sortie le vélo, mis à part pour aller nager ou faire l’épicerie, ce qui suffit parfois à réveiller la douleur dans mon genou. Pour la course, je suis également limité à rester en dessous du seuil, qui selon les jours arrive après 30 à 50 minutes. Je dois bien me faire une raison, même si je parviens à compéter la course, dans tous les cas ma performance sera nettement compromise. Du coup j’avoue avoir j’ai perdu la puissante motivation qui m’animait ces dernières années ainsi que l’énergie qui en découlait, et j’avoue également avoir beaucoup moins de plaisir à l’entraînement. Alors tant qu’à être là, j’essaie de me raccrocher à autre chose, et de travailler mes points faibles en prévision de la saison prochaine. Vous l’aurez compris : je nage!
En piscine ou dans l’océan, ces trois derniers jours j’ai déjà nagé 5 fois. J’adore nager à Kona. Autant l’océan est toujours l’occasion se confronter aux éléments (vagues, courant) et donne parfois l’impression d’être vraiment seul au monde, autant la piscine locale est vraiment chaleureuse et conviviale. Que ce soit dans le bain libre, où avec le club de maître, j’y trouve toujours des amis avec qui discuter et rentrer quelques longueurs.
Parlons en du bain libre : alors que j’y allais en mileu d’après-midi avec mon amie Brooke Brown, voilà que par hazard nous arrivons en même temps que Joanna Lawn et son mari, Alejandro Santamaria, suivi quelques minutes plus tard par le triple champion du monde Ironman Craig Alexander. Le set du jour : 30x 100yards/1:20. Là je me dit « ok, ça va saigner »! J’ai bien tenu les 10 premiers, et puis ça s’est corsé lorsqu’ils ont décidé de faire départ 1:15… Aïe… après 5 j’étais sauté! Ça m’a pris un bon 200m de pause pour m’en remettre et finalement finir le set départ 1:20. Les pros ont fini les 10 derniers départ 1:10, et ils n’avaient vraiment pas l’air de forcer, tandis que moi j’avais les bras complètement explosés!